L'Iran a averti hier Washington de ne pas chercher à provoquer des "tensions", après que les Etats-Unis ont accusé des factions pro-Iran d'être impliquées dans une attaque près de l'ambassade américaine en Irak. Dimanche soir, plusieurs roquettes ont atterri près de la mission diplomatique américaine dans la Zone verte à Bagdad, sans faire de victimes. L'attaque intervient peu avant le premier anniversaire de l'assassinat du puissant général iranien, Qassem Soleimani, par Washington, dans la capitale irakienne. Dans un communiqué publié après l'incident, le département d'Etat américain a pointé Téhéran du doigt, indiquant que "les Etats-Unis condamnent fermement la dernière attaque des milices soutenues par l'Iran". Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a, en outre, écrit sur Twitter que "les milices soutenues par l'Iran sont l'obstacle le plus sérieux pour aider l'Irak à retrouver la paix et la prospérité". En riposte, le porte-parole des Affaires étrangères iranien, Saïd Khatibzadeh, a jugé "très suspects", hier, "la nature et le moment de l'attaque, ainsi que la déclaration du secrétaire d'Etat américain". "Il semble qu'ils avaient déjà préparé ce communiqué" pour le publier après l'attaque, a-t-il affirmé lors d'une conférence de presse à Téhéran. "J'avertis le régime américain de ne pas chercher à provoquer des tensions (...) ces jours-ci", a ajouté M. Khatibzadeh sans plus de précisions. Ennemis de plus de quarante ans, l'Iran et les Etats-Unis se sont trouvés au bord de la guerre par deux fois depuis juin 2019 — notamment après l'élimination de Soleimani —, sur fond de tensions dans le Golfe et autour de l'accord international de Vienne sur le nucléaire iranien (2015), duquel Washington s'est unilatéralement retiré en 2018. Depuis l'automne 2019, l'ambassade américaine et d'autres sites militaires et diplomatiques étrangers ont été visés par des dizaines d'attaques à la roquette et à la bombe. L'attaque de dimanche est la troisième contre des installations militaires et diplomatiques américaines depuis une trêve en octobre avec des factions irakiennes pro-Iran. "Les attaques contre les lieux diplomatiques et résidentiels sont inacceptables", a déclaré M. Khatibzadeh, se disant convaincu que le gouvernement irakien "s'engagera sérieusement" à en identifier les responsables.