La capitale irakienne accueille ce samedi 4 janvier les funérailles nationales de Qassem Soleimani et de Abou Mehdi al-Mouhandis, le général iranien et le haut responsable de la milice pro-iranienne Hachd el Chaabi, tués avec huit autres personnes dans une frappe de drone américain. Vendredi soir, les États-Unis auraient frappé une nouvelle fois des soutiens iraniens en territoire irakien. Les annonces se succèdent ce samedi, alors que se tiennent les obsèques des responsables militaires iraniens et irakiens, tués par un raid américain jeudi. La coalition qui lutte contre l'Etat islamique en Irak a annoncé qu'elle allait réduire ses opérations dans le pays et renforcer la sécurité de ses bases militaires pour des raisons de sécurité. De même l'OTAN suspend ses missions d'entraînement des troupes irakiennes, a déclaré le porte-parole de l'Alliance nord-atlantique, Dylan White. C'est que les cris de " mort à l'Amérique " ont été largement repris ce samedi dans le cortège de plusieurs milliers de personnes qui accompagnaient les cercueils du général iranien Qassem Soleimani et d'Abou Mehdi al-Mouhandis, son principal lieutenant en Irak, tués avec huit autres personnes, quatre Iraniens et quatre Irakiens. Les cercueils des cinq Irakiens ont d'abord été acheminés à Kazimiya, quartier chiite de Bagdad, sur des pick-ups surmontés des drapeaux nationaux, au milieu d'une foule largement vêtue de noir. Les corps des cinq Iraniens étaient, eux, surmontés du drapeau iranien. Après le défilé de Kazimiya, l'hommage s'est poursuivi dans la Zone verte de Bagdad en présence de nombreux dirigeants irakiens. Là se trouvent le siège des plus hautes institutions de l'Etat irakien et l'ambassade américaine attaquée mardi par des milliers de partisans du Hachd. De hauts dignitaires du régime parmi lesquels le Premier ministre démissionnaire irakien Adel Abdel Mahdi, Hadi al-Ameri, patron des pro-Iran au Parlement, Faleh al-Fayyadh, chef officiel du Hachd, l'ex-Premier ministre Nouri al-Maliki et des chefs de factions chiites, étaient présents. Les corps seront ensuite acheminés à Kerbala et Najaf, deux villes saintes chiites plus au sud. De son côté, l'Iran se prépare à organiser les obsèques du général Soleimani. Des cérémonies sont prévues dimanche dans la ville sainte de Machhad après le retour du corps en Iran. Ensuite, il y aura une cérémonie officielle lundi à Téhéran en présence du guide suprême et des hauts dirigeants du pays, précise notre correspondant à Téhéran, Siavosh Ghazi. Trois jours de deuil ont été décrétés avant l'inhumation du général dans sa ville natale de Kerman (centre). Vendredi soir, les Etats-Unis ont frappé une nouvelle fois des soutiens iraniens en territoire irakien, selon la télévision publique et la police irakiennes. Un raid aérien, non confirmé par Washington et démenti par la coalition anti-EI, aurait visé un convoi du Hachd al-Chaabi.
L'Irak en tenaille entre l'influence américaine et l'influence iranienne Hachd al-Chaabi, coalition de milices irakiennes, est très proche de Téhéran, nous explique Clément Therme, spécialiste de l'Iran au CERI-Sciences Po, pour qui l'Irak est pris en otage entre les influences américaine et iranienne. " Il ne faut pas oublier également, que l'Iran a une influence au niveau des élites politiques irakiennes, pas seulement au niveau des milices et des groupes non étatiques. Donc c'est vraiment la révélation d'une chose que l'on savait déjà : il y avait des décisions qui étaient prises à Téhéran, plutôt qu'à Bagdad, ce qui d'ailleurs suscite la colère d'une partie des Irakiens aujourd'hui. Mais il faut mettre en perspective cette colère vis-à-vis des interventions iraniennes, par rapport à la colère qui va émerger contre l'intervention américaine, cette fois, de violation de souveraineté irakienne. Donc il y a vraiment cette prise en otage de l'Irak entre l'influence américaine et l'influence iranienne ".