Des Libyens, dont l'Armée nationale libyenne (ANL) de Khalifa Haftar, ont opposé leur refus au déploiement d'observateurs internationaux en Libye pour superviser le cessez-le-feu conclu le 23 octobre à Genève, comme cela a été proposé par le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, afin de débloquer la situation sur le plan politique. Pour un responsable de l'ANL, sous-couvert d'anonymat, "la commission militaire mixte (5+5) consent beaucoup d'efforts, y compris pour la mise en œuvre du cessez-le-feu sur le terrain", a rapporté la presse locale. "J'encourage les Etats membres et les organisations régionales à soutenir la concrétisation du mécanisme de cessez-le-feu, notamment en fournissant des observateurs internationaux sous la bannière des Nations unies", déclare-t-il dans cette lettre datée de mardi. Tout en soulignant le fait qu'il ne souhaite pas de présence des troupes étrangères en Libye, M. Guterres demande la constitution d'un groupe d'observation qui inclurait des civils, ainsi que des militaires à la retraite d'organisations comme l'Union africaine, l'Union européenne et la Ligue arabe. Le fragile cessez-le-feu risque, en effet, de voler en éclats à tout moment, avec le dernier mouvement des troupes observé les derniers jours de décembre 2020, impliquant les deux parties en conflit. Le risque d'escalade militaire est d'autant plus grand, avec la présence de mercenaires étrangers, dont le nombre est estimé à plus de 20 000 hommes armés, selon l'envoyée spéciale par intérim de l'ONU, Stephanie Williams, qui exige leur retrait depuis des mois. Pour Antonio Guterres, l'envoi d'observateurs internationaux, militaires et civils, vise aussi à résoudre le blocage autour du mécanisme de sélection des futurs membres du gouvernement libyen unifié, comme cela a été décidé par le dialogue de Tunis de novembre dernier, par les 75 délégués libyens choisis par l'ONU pour relancer le processus politique à Tripoli. "Dans mon rôle de médiateur, j'ai une obligation professionnelle, personnelle et morale de remédier à ce blocage, de préserver ce processus et de vous aider à vous conduire à un compromis acceptable qui contribuera à la réalisation de l'objectif électoral, qui est l'ultime objectif", a rappelé, en fin de semaine, Mme Williams, qui poursuivra sa mission, après la défection du diplomate bulgare, Naikolay Mladenov, qui a été choisi pour succéder à l'ancien envoyé spécial de l'ONU en Libye, Ghassane Salamé, dont la démission remonte à mars 2019. Mme Williams a exhorté les belligérants libyens à "chercher plutôt comment partager les responsabilités et non pas le pouvoir", les appelant à œuvrer pour "l'organisation des élections".