Le Syndicat national du personnel du secteur du commerce (affilié à l'UGTA), qui a appelé au débrayage, évoque la quasi-paralysie du secteur avec un taux de suivi qui, hier, dépassait les 87%. Le ministère, pour sa part, minimise le taux en question. Après la grève organisée les 3 et 4 janvier derniers, Les contrôleurs des prix et de la répression des fraudes reviennent à la charge en entamant, depuis hier, une grève de quatre jours à l'appel de la Fédération nationale du personnel du commerce, affiliée au Snapap, et du puissant Syndicat national des personnels du ministère du Commerce, affilié à la Fédération nationale du commerce et du tourisme (UGTA) piloté par Ahmed Allali. Joint hier, ce dernier nous a assurés que "le taux de suivi a atteint, au premier jour, les 87,75% paralysant ainsi la quasi-totalité du secteur du commerce avec le blocage de la marchandise au niveau des ports et aéroports ainsi que les postes-frontières sans compter les sorties sur le terrain sur tout le reste du territoire national". Notre interlocuteur n'a pas omis, toutefois, de déplorer "cette escalade dans l'action" qui, selon lui, "est une conséquence du silence de la tutelle qui demeure sourde à nos revendications". "Raison pour laquelle, dit-il, nous avons été contraints de recourir à la grève, seule voie légale pour exiger la satisfaction de nos doléances". Rabia Youcef, SG de la Fédération nationale du personnel du commerce, qui, contrairement au syndicat, a eu à dialoguer avec le ministère le 7 janvier dernier, persiste et signe à son tour que "le recours à la grève est pleinement justifié dans la mesure où le dialogue mené avec la tutelle n'a abouti à aucun résultat probant" estimant que "tout ce qui nous a été proposé comme solutions de règlement reste bien en deçà de nos aspirations". Pour rappel, les agents de contrôle demandent une révision du statut particulier pour permettre une revalorisation salariale en adéquation avec les autres corps similaires. Ils réclament également leur part des revenus du Centre national du registre du commerce (CNRC) ainsi que l'ouverture des postes budgétaires pour les travailleurs qui ont eu des diplômes au cours de leur période de travail ainsi que le rééchelonnement des fonctionnaires ayant plus de 10 ans d'expérience. Les grévistes réclament également la révision du décret exécutif 205-11 portant sur le régime indemnitaire des corps spécifiques du secteur du commerce. Il se trouve que le ministère du Commerce ne l'entend pas de cette oreille et estime que " de nombreuses revendications ont été concrétisées, mais certaines dépassent les compétences du ministère". Notre source auprès du département de Kamel Rezig précise qu'"il s'agit, entre autres, de la revendication relative à la révision du statut particulier qui relève de la Fonction publique ou encore la prime Covid instaurée par le président de la République". Le ministère récuse aussi le taux de suivi communiqué par les syndicats l'estimant à "40% à peine dans très peu de wilayas, à 20% dans certaines et à 0% dans d'autres". "Le syndicat UGTA et la Fédération Snapap réunis comptent à peine 45% de l'ensemble des effectifs d'environ 11 000 travailleurs en guise d'adhérents", ajoute notre source du ministère du Commerce. L'autre point de discorde entre le syndicat et la tutelle concerne, par ailleurs, "l'illégalité ou non de la grève". Pour le ministère, les deux décisions de justice obtenues auprès du tribunal de Bir Mourad-Raïs stipulent "l'obligation de la suspension" des débrayages annoncés pour "les 3 et 4 ainsi que pour les 10, 11, 12 et 13". Or, Ahmed Allali soutient mordicus que "ce mouvement de contestation est incontestablement légal". Il nous a expliqué hier que "le verdict prononcé par le tribunal administratif à Bir Mourad-Raïs pour la suspension provisoire de la grève était un jugement de première instance et que le syndicat a procédé à un appel auprès du Conseil d'Etat en demandant l'abrogation de la mise en œuvre de ce verdict, c'est pourquoi il n'a aucun effet sur la décision de grève".