La crise de l'emploi a été aggravée par la pandémie de coronavirus. L'offre d'emplois en 2020 a en effet connu une baisse sensible pour se situer à environ 300 000 postes contre 437 000 proposés en 2019, selon le ministre du Travail. "L'épidémie de Covid-19 a impacté durement le secteur de l'emploi", a reconnu d'emblée le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, El-Hachemi Djaâboub, hier, devant les membres de la commission de la santé et de l'emploi du Conseil de la nation. Il a longuement évoqué la crise financière ayant touché quasiment tous les segments d'activité, ces dix derniers mois. Le ministre s'est montré prolixe en statistiques afférentes à la contraction du marché du travail. D'après lui, environ 300 000 emplois ont été proposés en 2020 contre 437 000 en 2019. Plus de 80% de ces offres de recrutement ont été formulées par des entreprises privées dans les secteurs du bâtiment, de l'agriculture et des services. L'embauche dans la Fonction publique et le secteur économique public a, en conséquence, été minorée à quelque 60 000 recrutements. Il n'en demeure pas moins que pendant les douze mois de 2020, 230 600 demandeurs d'emploi ont commencé à exercer une activité rémunérée contre 330 300 l'année précédente. Le recul des placements est évalué à 31%. Le gouvernement n'a, par ailleurs, pas honoré ses engagements envers les salariés en situation de pré-emploi, des années durant pour la majorité. Par le truchement d'un décret exécutif promulgué le 8 décembre 2019, l'Exécutif devait procéder, sur une échéance de 3 ans, à l'intégration de 350 000 jeunes, en prenant en compte le critère de l'ancienneté. "Un grand retard a été accusé dans le processus. Uniquement 35 900 jeunes ont été régularisés au 31 décembre 2020, soit 24% de l'effectif de la première promotion", a confessé le ministre de tutelle. Ce retard est lié essentiellement, selon lui, au gel des postes budgétaires (particulièrement dans l'éducation nationale et la Fonction publique) et à l'inadaptation des qualifications des requérants aux emplois qui leur ont été proposés. Il a soutenu que malgré les difficultés de l'heure, la Caisse nationale de l'allocation chômage (Cnac) a financé 4 260 entreprises, garantissant 10 300 emplois directs (44,6% dans l'agriculture, 22,5% dans l'activité artisanale, 9,8% dans les services et 8,6% dans l'industrie). Il a souligné que la dynamique du marché du travail ne pourrait, toutefois, être boostée que par l'investissement créateur de richesses. Par ailleurs, le ministre n'a livré que très peu de données chiffrées sur les pertes sèches des entreprises et leurs corollaires : les faillites, le chômage technique ou carrément les compressions des effectifs. "Il y a eu une augmentation nette des conflits de travail durant cette épidémie, alors qu'il y a un manque d'inspecteurs du travail", a affirmé le membre du gouvernement. Dans le sillage, le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale a annoncé que les services de son département œuvrent à apporter des modifications à de nombreux textes de loi et réglementaires. Il a cité l'avant-projet de révision de la loi 90-14 sur l'activité syndicale (140 syndicats agréés, dont 78 représentations des chefs d'entreprise et 92 de travailleurs) et celui de la loi 90-11 portant sur les relations de travail. "Un amendement proposé instituera un congé supplémentaire pour les salariés qui souhaitent créer leurs propres entreprises" a informé M. Djaâboub. Il a révélé, en outre, l'élaboration d'un édit sur les accidents du travail et un second sur le télétravail. Largement expérimenté durant la période de confinement, le travail à distance ou à domicile pourrait être adopté usuellement par consentement mutuel entre employeurs et salariés.