C'est véritablement la semaine allemande, même si l'ouverture des négociations entre l'Union européenne et la Turquie l'a quelque peu éclipsée. Mais il y'en aura une autre et même une troisième, car au soir du 18 octobre, l'Allemagne devra avoir dénoué cet imbroglio sinon, c'est le retour devant les électeurs. Mais en attendant, les leaders politiques refusent de s'avouer vaincus, surtout ceux qui considèrent qu'ils ont de bonnes chances de présider le futur gouvernement. Cela donne un jeu politique pour le moins inattendu avec des combinaisons parfois inattendues. A cet égard, les conservateurs et les socio-démocrates se retrouvaient hier à Berlin pour un troisième tour de « consultations exploratoires » dans un climat toujours conflictuel sur le titulaire du poste de chancelier qui pourrait entraver les négociations en vue de former une coalition gouvernementale. A bout de patience, les unions chrétiennes (CDU-CSU) emmenées par Angela Merkel n'excluent pas de suspendre ou même d'abandonner ces discussions préalables si les socio-démocrates persistent à revendiquer pour le chancelier sortant Gerhard Schröder la tête du prochain gouvernement. « Il n'y aura pas de négociations sur le contenu si le SPD n'accepte pas que notre candidate devienne chancelière », a réaffirmé mardi le secrétaire général de la CDU, Volker Kauder, à la chaîne publique de télévision ARD. Les conservateurs, qui ont conforté leur avance au Bundestag (Chambre basse du Parlement) à l'issue de la législative partielle dimanche à Dresde (est), avec 226 sièges contre 222 pour le SPD, exigent le retrait de la candidature de Gerhard Schröder à la chancellerie avant d'entamer des négociations formelles en vue d'une éventuelle « grande coalition ». Gerhard Schröder leur avait fait une fausse joie lundi en laissant entendre pour la première fois qu'il pourrait renoncer à diriger un gouvernement de coalition avec les conservateurs. Une perspective aussitôt rejetée par la présidence de son parti qui persiste à vouloir régler la question de sa succession une fois les négociations commencées. « Nous souhaitons appliquer autant que possible notre programme dans une action gouvernementale avec Gerhard Schröder à sa tête », a répété mardi le président du SPD, Franz Mùntefering. Outre le différend sur la chancellerie, les questions du marché du travail, du système de sécurité sociale, de la situation financière difficile de l'Etat fédéral et des Etats régionaux ainsi que le fédéralisme étaient au programme de la réunion. Treize responsables politiques, dont Angela Merkel et le président de la CSU (aile bavaroise de la CDU), Edmund Stoiber, du côté conservateur, ainsi que Gerhard Schröder et Franz Mùntefering pour le SPD, participaient à cette rencontre. La direction de l'Union chrétienne-démocrate (CDU) veut se réunir aujourd'hui pour faire le point. En cas de décision d'interrompre les « consultations exploratoires », la possibilité de nouvelles élections pourrait ressurgir. Mais visiblement, personne ni aucune formation ne veut de cette perspective, surtout si l'on considère que les unions chrétiennes ont fait le plein contrairement aux sociaux-démocrates et à leurs alliés de gauche qui estiment que leurs chances sont intactes, et qu'il n'y a qu'un pas pour garder le pouvoir. C'est ce qui explique l'échec de ce compromis à peine esquissé qui laissait entrevoir une alliance entre les deux principales formations allemandes, mais sans leurs chefs respectifs.