Bush, qui n'est pas à une contradiction près, met sous pression le gouvernement irakien pour qu'il peaufine une version de la Constitution susceptible de convenir aux sunnites. C'est l'ambassadeur américain Zalinay Khalilzad qui joue les messieurs bons offices pour convaincre chiites et Kurdes d'accepter des ajouts au texte, à deux semaines du référendum, n'arrêtant pas de harceler le président irakien, le Kurde Jalal Talabani, le président du Kurdistan d'Irak, Massoud Barzani, et Abdel Azizi Hakim, le chef du Conseil suprême pour la révolution islamique en Irak (CSPRII), le principal parti chiite. Les sunnites, grands perdants des élections générales de janvier, qu'ils avaient largement boycottées, restent persuadés que le projet de constitution soumis à référendum le 15 octobre ne consacre que leur marginalisation et, à terme, la division de l'Irak. La future constitution obtenue sans l'approbation des sunnites est d'ailleurs jugée comme un texte de circonstance, rédigé trop rapidement pour satisfaire à des échéances. Alors que les préventions des sunnites à son égard s'expliquent par le fait qu'il impose un fédéralisme à outrance, les nouvelles discussions portent sur de simples affinements additionnels au texte. Malgré cela, il n'y a toujours pas d'accord. Les ajouts en discussion portent sur la mention que l'arabe est une des langues officielles, avec le kurde, dan la région du Kurdistan, mais aussi sur la définition de l'unité du pays et surtout sur les moyens d'établir des régions regroupant plusieurs provinces. Bien que les relations entre le centre et les provinces, la répartition des ressources pétrolières aux régions sunnites dépourvues de gisements pétrolifères et l'administration des droits de douane soient laissées aux soins de la future assemblée nationale, qui sera élue en décembre, les sunnites estiment les jeux faits. Cette communauté, sur laquelle Saddam Hussein avait établi son système et qui, aujourd'hui, est accusée de jeter de l'huile sur le feu en connivence avec le terrorisme islamiste, n'est cependant pas en mesure de faire dérailler le référendum. Elle a des capacités de nuisance via Zarkaoui, mais elle est minoritaire face aux Kurdes et aux chiites. L'électorat sunnite ne pourrait pas atteindre le seuil nécessaire pour faire jouer la disposition selon laquelle le projet de constitution serait rejeté si au moins deux tiers des électeurs de trois provinces se prononcent contre. Alors que Bush appuie ces tractations de dernière minute, l'ONU doit imprimer les 5 millions d'exemplaires du projet de constitution qui doivent être distribués aux Irakiens. Pendant ce temps, la violence se poursuit avec l'interminable vague d'attentats anti-chiites, dont les derniers en date ont fait plus de 100 morts. D. Bouatta