Annonciateur de piété et de bonté, le mois de ramadan est également le mois de toutes les spéculations. Les constantinois sont, comme à chaque période de cette année, tiraillés entre l'envie de remplir le couffin et le souci de dépenser moins. Mais ce n'est pas l'avis des marchands des fruits et légumes. Ces derniers avancent l'argument de l'offre et de la demande. Plus la demande est forte plus l'offre est moindre. Une petite virée au niveau des deux grands marchés des fruits et légumes, situés au centre-ville de Constantine, nous a permis de constater une explosion de la mercuriale des plus prévisibles. Au marché des frères-Bettou (ex-Saint-Jean) comme celui de Boumezzou, les aliments de grande consommation sont cédés à un prix élevé. Cette flambée n'a pas empêché les constantinois de se ruer sur les marchands des fruits et légumes et les bouchers, table du f'tour oblige. Une longue file de personnes devant le premier boucher du marché accosté qui affiche pourtant, à l'instar de tous les autres, des prix très élevés. En effet, la viande bovine est entre 600 et 700 DA, quant aux escalopes de dinde, elles ont atteint les 370 DA/kg. Le poulet cédé, il y a une semaine, à 150 DA/kg, est vendu entre 220 et 230 DA/kg. En face du boucher, c'est le marchand de fruits et légumes qui semble submergé par la clientèle. Entre le piment, la courgette et la tomate, principaux aliments de la table du f'tour, les prix n'ont pas échappé à cette flambée. En particulier la tomate, cédée la veille de ramadan à 25 DA, a atteint le seuil de 60 Da/kg. Le piment vert est à 50 DA, alors que les poivrons verts sont à 40 DA/kg, soit une augmentation d'au moins 25 DA. Seule la pomme de terre a résisté à cette folie des prix. Elle est cédée à 25 DA/kg, contrairement à la laitue qui était à 50 DA et a basculé à 70 DA. Oignon, carotte et courgette sont, respectivement, à 30, 40 et 50 DA. Le concombre et la betterave, 40 DA/kg. Une chose est sûre, avec cette explosion de la mercuriale, les constantinois n'ont pas d'autre choix que de se plier aux règles de ce marché. Plus de 10 000 couffins pour les démunis La wilaya de Constantine a débloqué une enveloppe de 1,5 milliard de centimes pour le financement de l'opération couffin de ramadan. Lundi dernier, la veille du mois sacré, les services de la wilaya ont distribué 7 000 unités constituées de produits de première nécessité aux services sociaux des 12 communes. La part du lion est revenue à la localité du Khroub qui a bénéficié de 2 000 couffins. Cette disproportion se justifie par la localisation dans cette deuxième ville de la capitale de l'est des deux nouvelles villes de Ali Mendjeli et Massinissa. Ces dernières reçoivent depuis leur création les habitants des ex-quartiers populaires délocalisés dans le cadre des différents programmes d'aide à l'accès à un logement décent. D'autre part, la wilaya de Constantine a participé dans le budget maïdat ramadhane du Croissant-Rouge algérien avec une enveloppe de 100 000 DA. À noter qu'en plus de ce programme initié par la wilaya, chaque commue apporte une contribution sur ses propres fonds. Ainsi, on s'attend à ce que le nombre de couffins distribués par les collectivités locales à Constantine dépasse les 10 000 unités. Seulement, ces élans de solidarité ne doivent pas cacher la réalité amère de la carte de pauvreté dans notre pays et à Constantine en particulier. Il est désolant de voir que ce sont les mêmes pauvres de l'année passée, auxquels s'ajoutent de nouveaux venus dans le monde des démunis, qui figurent dans les registres de l'assistance sociale. Autrement dit, la pauvreté est malheureusement traitée superficiellement à travers ses symptômes plus que radicalement en ciblant ses causes. Il est temps, et l'état en a les moyens, qu'en plus de ces actes de générosité des mesures de réinsertion socio-économique de ces familles soient entamées, car la solution économique est la meilleure approche pour éradiquer l'exclusion sociale. Lynda Nacer