L'activiste est poursuivi pour "discrimination et discours de haine", "outrage à corps constitué" et "utilisation de la force contre un agent de la force publique". Alors qu'il n'a toujours pas été transféré à la prison d'El-Ménéa et après avoir refusé la semaine passée d'être jugé en visioconférence, le procès du célèbre hirakiste Brahim Laâlami, s'est ouvert hier à distance, au tribunal correctionnel de Bordj Bou-Arreridj, en l'absence du collectif des avocats de la défense qui ont décidé de boycotter l'audience. Les avocats ont justifié leur action par l'absence de conditions pour la tenue d'un procès équitable. Dans son réquisitoire, le parquet a requis 4 ans de prison ferme et une amende de 500 000 DA. L'activiste est poursuivi, cette fois-ci, selon le collectif des avocats de la défense, pour "discrimination et discours de haine'', "outrage à corps constitués", "utilisation de la force contre un agent de la force publique"... Une trentaine d'avocats, venus de plusieurs wilayas du pays, se sont constitués pour la défense bénévolement de ce jeune activiste, alors que devant le tribunal de Bordj Bou-Arreridj où s'est déroulé le procès, des proches et quelques citoyens se sont regroupés pour le soutenir et dénoncer l'acharnement judiciaire et policier qui, selon eux, cible des dizaines de militants de Bordj Bou-Arréridj depuis le début du confinement, en mars dernier. Au début du procès, les avocats, en concertation avec leur mandant, ont décidé de boycotter le procès et ont dénoncé dans un communiqué, lu avant devant le juge, les atteintes aux libertés d'opinion, d'expression et de circulation des citoyens. "La Constitution algérienne dans son article 9 garantit le droit d'expression, d'opinion et de circulation", a affirmé un des avocats de la défense. Les robes noires ont même décidé de "boycotter toutes les audiences concernant les hirakistes au tribunal et à la cour de Bordj Bou-Arréridj jusqu'à ce que les conditions soient favorables pour des procès équitables", soutient Me Mounir Gherbi. Pour sa part, Brahim Laâlami, figure du mouvement populaire dans la région, a tenté de se défendre et de donner sa version des faits pour détruire les charges qui pèsent sur lui. "Il encourt en ce moment une condamnation de prison ferme pour ses opinions", selon Me Zine Boukhari, un autre avocat de la défense. "C'est de l'acharnement. Les autorités veulent casser la dynamique et en finir définitivement avec les mouvements de protestation à Bordj Bou-Arréridj", dénonce, de son côté, l'avocat et défenseur des droits humains, Me Belkacem Belaabasi."Désormais, toute action est systématiquement réprimée et expose ses organisateurs à la prison, ce que l'on ne voit pas dans d'autres wilayas." Le collectif des avocats de la défense, qui a déjà boycotté le 7 févier le procès de 5 activites, tire la sonnette d'alarme sur ce qui se passe à Bordj Bou-Arréridj et qualifie les condamnations et les poursuites d'"abus de pouvoir". "Il y a une volonté de déstructurer le Hirak et surtout une volonté de casser toute dynamique constructive pouvant constituer un contre-pouvoir", dénonce-t-il. Pour ce collectif, même les relaxes de plusieurs détenus ne font que confirmer le caractère arbitraire de leurs poursuites. "Elles confirment, plutôt, l'instrumentalisation de la justice comme moyen de répression contre la lutte politique pacifique", a estimé le collectif. Arrêté le 8 septembre 2020 en compagnie de ses trois frères et d'un ami devant le domicile familial à Bordj Bou-Arréridj, Brahim Laâlami s'apprêtait alors à se rendre à l'enterrement de l'avocat Tarek Zedam, fauché la veille par une voiture, et après une manifestation organisée la veille dans le village d'Ouled Khelifa dans la commune de Djaâfra, au nord de Bordj Bou-Arréridj où il était présent à la marche organisée pour dénoncer le placement sous mandat de dépôt de 4 hirakistes de la région. Le verdict est attendu pour le lundi 15 février 2021.