C'est ce matin que la chambre d'accusation de la cour de justice d'Alger rendra son verdict dans l'affaire Ali Ghediri. Sauf grande surprise, l'ancien candidat à l'élection présidentielle d'avril 2019 devra retrouver sa liberté après près de 15 mois de détention. Mais contrairement à d'autres détenus politiques, Ali Ghediri "ne souhaite pas être gracié", il "attend un non-lieu", indiquent ses avocats. L'homme estime être "injustement incarcéré" depuis juin 2019, indique son entourage. Après avoir attendu 15 mois en prison, le général à la retraite a pu enfin être auditionné, le 7 février, par le juge près la chambre d'accusation de la cour de justice d'Alger. L'audition est rendue possible après un arrêt rendu par la Cour suprême acceptant le pourvoi en cassation introduit par la défense du détenu qui a estimé que la poursuite de son mandant par le tribunal criminel était "anormale". Le concerné lui-même a rejeté les accusations portées contre lui, estimant qu'il n'avait "rien fait" pour aller en prison. Ali Ghediri, un ancien militaire qui s'est vite investi en politique après avoir quitté l'institution militaire en 2015, est devenu la cible de l'ancien chef de l'armée, Ahmed Gaïd Salah. Ce dernier n'avait pas apprécié les sorties médiatiques, parfois acerbes, de l'ancien directeur des ressources humaines du ministère de la Défense nationale. Ce dernier avait, par exemple, pris la défense de l'ancien général Hocine Benhadid, incarcéré en 2016 après des critiques contre le chef de l'armée de l'époque et contre Saïd Bouteflika, alors conseiller et frère du président déchu Abdelaziz Bouteflika. Malgré cette inimitié, Ali Ghediri a pu se porter candidat à l'élection avortée d'avril 2019. Deux mois plus tard, il sera arrêté et accusé d'atteinte "au moral de l'armée en temps de paix", " falsification de documents officiels " et "fourniture de documents à des parties étrangères". Après une rude bataille judiciaire durant laquelle l'ancien général a entamé une grève de la faim, deux accusations ont sauté du dossier. Il n'est plus poursuivi que pour "atteinte au moral de l'armée". Comm e seule preuve, la justice brandit une déclaration faite lors d'une interview accordée en décembre 2018 au quotidien El Watan à travers laquelle, il avait appelé Ahmed Gaïd Salah à peser de tout son poids pour éviter un cinquième mandat. "Je n'ai rien dit d'anormal", se défend Ali Ghediri.