Dans un entretien accordé à l'hebdomadaire français Le Point, le Chef du gouvernement a évoqué le coût social de la signature de l'accord d'association avec l'Union européenne et de l'adhésion prochaine à l'OMC en affirmant que le “plus difficile sera l'abolition des droits de douane dans l'agriculture”. L'Algérie risque de perdre 500 000 emplois dans le cadre de l'ouverture économique avec l'Union européenne. C'est le Chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia en personne, qui le déclare dans un entretien publié dans le magazine français le point. Répondant à une question de l'envoyée spéciale du magazine le point Mireille Duteil, le chef du gouvernement souligne que “l'ouverture économique avec l'Union européenne dans sa partie non agricole est bénéfique pour l'Algérie”, malgré “un passage douloureux”, reconnaît-il, qui risque de nous faire perdre à l'Algérie “500 000 emplois”. “Le plus difficile sera quand nous arriverons à l'abolition des droits de douane dans l'agriculture”, ajoute Ahmed Ouyahia. C'est la première fois qu'un haut responsable de l'état, en l'occurrence le chef du gouvernement, chiffre publiquement l'impact de l'accord d'association, signé avec l'Union européenne, entré en vigueur depuis le 1er septembre dernier. Une étude dans ce sens réalisée pour le compte de l'administration centrale algérienne par un bureau d'études étranger, Sema-Schlumberger, a été déjà publiée par Liberté. Cette étude de 76 pages, “Analyse des impacts macroéconomiques et sectoriels de l'accord d'association entre l'Algérie et l'Union européenne”, semble basée sur une approche méthodologique sérieuse et aboutit à quelques résultats intéressants, en dépit des insuffisances, par ailleurs, clairement signalées en matière d'informations économiques de base touchant à l'évolution des secteurs industriels algériens. Le document du bureau d'études étranger Sema-Schlumberger relève que “l'impact global en termes d'emplois industriels est assez significatif, puisqu'il touche une perte totale estimée à 58 020 emplois”. Même si cette estimation est une simple extrapolation de la diminution de la masse salariale, elle reste préoccupante par son ampleur. L'effet négatif du démantèlement affecte l'ensemble des secteurs même si c'est de façon très inégale. Une conclusion essentielle de cette étude est celle de l'effet dépressif que l'application de l'accord d'association ne manquera pas d'avoir sur l'ensemble de l'économie algérienne et singulièrement sur des secteurs d'activité qui ne sont pourtant pas directement exposés à la concurrence des produits importés. L'appréhension de cet impact négatif a été souvent soulevée par les entreprises algériennes sans donner lieu jusque-là à une réflexion sur les voies et moyens d'y faire face. Il est du reste important de souligner que cette conclusion importante de l'étude est le résultat d'une simulation purement théorique qui appréhende les conséquences d'une application immédiate de l'accord : en d'autres termes, les autorités économiques disposent d'un délai important pour mettre en place la politique et les instruments qui permettraient à l'économie algérienne de surmonter cet écueil. C'est depuis longtemps la revendication principale des entreprises qui considèrent comme indispensable d'appréhender dès à présent toutes les implications potentiellement négatives de cet accord et, ce faisant, de mettre en place les politiques appropriées en vue d'y faire face. Le chef du gouvernement affirme, dans le magazine français le point, que “le cap de l'économie libérale est irréversible”. “Nous avons signé un accord d'association avec l'Union européenne et allons entrer dans l'OMC”, précise M. Ahmed Ouyahia. à une question sur le fait qu'on reproche au gouvernement “de ne pas profiter de la manne pétrolière pour développer rapidement le pays”, le Chef du gouvernement rappelle les 55 milliards de dollars du plan quinquennal (jusqu'à 2009) de consolidation de la croissance. “Ce n'est pas une politique d'Harpagon, mais nous gardons l'œil sur le tableau de bord, car la situation est factice”, relève M. Ahmed Ouyahia. Le chef du gouvernement rappelle également que l'Algérie, en 2004, a exporté seulement 780 millions de dollars hors hydrocarbures, elle a importé pour 18 milliards de dollars. Du coup, avertit-il, “si les cours du pétrole s'effondrent et que dans trente ans nous n'en avons plus, ce sera l'Ethiopie”. D'où, relève-t-il, “le volontarisme du gouvernement pour soutenir l'agriculture et l'industrie”. Seulement “exporter 10 milliards de dollars hors hydrocarbures va nous demander dix ans”, estime le chef du gouvernement. Meziane rabhi