Son premier long métrage Frontières, présenté dernièrement au Festival international du film francophone de Namur, revient avec humour et beaucoup de pertinence sur l'immigration clandestine africaine vers l'Europe. Mustapha Djadjam, le jeune acteur de Les Aventures d'un héros, de Merzak Allouache (1979), a acquis beaucoup d'expérience et surtout de maturité cinématographique. Il revient dans cet entretien sur son expérience devant et derrière la caméra. Liberté : Pour la deuxième année, Frontières, votre premier long métrage, est présenté au Festival du film francophone de Namur… Mustapha Djadjam : Frontières est un film que j'ai réalisé il y a quatre ans et qui a décroché, en 2004, le prix du jury junior à Namur. Cette année, je reviens avec le même film pour animer un atelier qui s'appelle décrire l'image. C'est un atelier qui se fait avec des scénaristes professionnels et qui consiste à lire le scénario avant la réalisation et voir par la suite ce qui a changé après, à la fin de la réalisation. Le but de l'atelier c'est de voir les différences qui sont survenues lors du tournage et la mise en image du scénario écrit. Parce qu'il y a toujours une évolution et des changements qui s'opèrent. C'est très intéressant de revenir avec du recul sur un travail qui, pour moi, date relativement. Justement, quel regard portez-vous aujourd'hui sur ce film qui est une sorte de road-movie des immigrants clandestins africains ? Frontières est avant tout un film de fiction qui colle au réel et qui concerne l'immigration clandestine. C'est l'histoire d'un groupe, six hommes et une femme, qui partent du fleuve Sénégal jusqu'au sud espagnol à Tarifa et ce qui m'intéressait, c'était la traversée de ce groupe dans une partie de l'Afrique du Nord, Mauritanie, Algérie, Maroc, jusqu'à Tanger, et la traversée du détroit de Gibraltar. C'est une fiction que j'ai essayé de garder au plus près des problèmes des immigrants et de la réalité des choses. Toujours est-il que c'est un film où il y a énormément d'humour et où les choses sont décalées. Depuis Frontières ? Depuis, j'ai écrit des scénarios pour d'autres personnes et puis et surtout j'ai repris mon travail d'acteur. Cette année, j'ai deux films pour la télévision française, une mini-série qui s'appelle Nom de code : DP, qui a été diffusée dernièrement sur France 2. Il y a eu L'Equilibre de la terreur avec Jean Martial Lefranc, Bleu du ciel de Dominique Boccarossa et beaucoup d'autres films et de téléfilms. Et là je viens de terminer le tournage avec Spielberg. J'ai tourné à Malte pendant une semaine. Un film où je tiens le rôle d'un espion pakistanais. Le film traite des attentas perpétrés lors des jeux Olympiques de Munich en 1976. Le tournage était très confidentiel et s'est déroulé dans une grande discrétion et où chaque acteur n'avait que sa séquence et pas tout le scénario. C'est encore une question d'actualité qu'est le terrorisme… C'est vrai que le film traite du terrorisme même si les évènements sont anciens, mais je pense que la réflexion de Spielberg est un peu plus profonde et plus subtile, dans la mesure où, comme je vous l'ai dit, les acteurs n'avaient pas connaissance de la totalité du scénario. Comment avez-vous vécu votre passage derrière la caméra et pensez-vous renouveler l'expérience ? Même si j'ai commencé comme acteur et je continue à le faire, je dois dire que j'ai eu beaucoup de plaisir à faire de la réalisation. Là, j'ai écrit une comédie sociale, que j'aimerais tourner entre l'Algérie et la France. J'étais en contact avec des producteurs et je dois repartir à l'assaut pour voir d'autres producteurs et j'espère commencer le tournage le plus vite possible, début 2006. En tout cas, je dois dire que le fait d'être acteur à l'origine m'a beaucoup simplifié les rapports avec mes comédiens. Je dois dire qu'avant Frontières, j'avais tourné des courts métrages, dont le train avec le jeune Brahim Fritta et des documentaires. J'ai également réalisé une adaptation scénique du journal d'Isabelle Eberhardt pour des lectures publiques que j'ai présentée à Paris et à la fondation suisse et il est question de faire des lectures dans les villes françaises et probablement en Suisse. W. L.