En ce 108e vendredi de mobilisation, les militants du mouvement populaire (Hirak) à Bordj Bou-Arréridj ont réitéré leur refus de la feuille de route imposée par le pouvoir et les élections législatives du 12 juin prochain. Plusieurs slogans rejetant catégoriquement le prochain scrutin ont été scandés, notamment : "Makanche intikhabate m3a l'3issabate" (pas de vote avec la bande mafieuse), "Dirou intikhabate fil 3imarate" (organisez les élections aux Emirats) et "Bye-bye Tebboune, had el-3am makanche el-vote" (bye-bye Tebboune, cette année, il n'y aura pas de vote), "Allah Akbar, makanch el-vote" (Dieu est Grand, il n'y aura pas de vote). Ce vendredi donc, le slogan "Pas d'élection avec la bande", a résonné avec force dans les rues de Bordj Bou-Arréridj. " On ne peut pas organiser d'élections dans le contexte actuel, marqué par la restriction des espaces de liberté, le mépris des droits de l'Homme, la fermeture des champs politique et médiatique, etc. Le peuple algérien a renoué avec la politique depuis février 2019. Il a envie de reprendre son destin en main", lance un avocat et figure du Hirak local. "Le pouvoir s'engage, encore une fois, dans des élections sans électeurs. Il fonce dans le mur et enfonce davantage le pays. La démocratie ne peut pas être réduite à l'acte de glisser un bulletin dans l'urne (...) Il faut que le pouvoir sache que sa feuille de route, basée sur l'organisation des élections, n'est pas une solution. Au contraire, cela va prolonger la crise, l'aggraver davantage", ajoute-t-il. Des centaines de manifestants drapés dans le drapeau national et l'emblème amazigh, dont plusieurs figures du Hirak tel Brahim Lâalami, ont formé un groupe qui grossissait au fur et à mesure avec l'arrivée de jeunes citoyens, et ont totalement envahi la rue. La marche s'est achevée dans le calme et sans aucune arrestation. À Sétif, les hirakistes sont sortis très nombreux pour se rassembler comme à l'accoutumée devant le siège de la wilaya, le long de la rue principale. Drapés dans l'emblème national, ils ont manifesté pacifiquement pour revendiquer un changement radical en scandant des slogans prônant un Etat de droit, la liberté de la presse et de la justice. En arpentant les différentes rues de la capitale des Hauts-Plateaux, les marcheurs ont aussi entonné des chants patriotiques. Même si les Sétifiens étaient moins nombreux que les deux semaines précédentes, des centaines de personnes étaient dans la rue pour entretenir la flamme de la mobilisation citoyenne et la contestation populaire. La manifestation s'est déroulée dans le calme et la sérénité. À Annaba, les citoyens ont rejoint massivement, hier, la marche pacifique hebdomadaire du Hirak. Ils étaient, en effet, plusieurs centaines à battre le pavé au centre-ville. Brandissant des banderoles et des pancartes, les marcheurs ont réitéré leur revendication d'un Etat civil et non militaire. Les cris de "Djazaïr houra dimocratia" et "Tahya el-Djazaïr" que scandaient à l'unisson les manifestants ont ponctué, des heures durant, cette marche que rien n'est venu perturber.