Face à un impressionnant dispositif policier, les étudiants et citoyens de certaines villes du pays (Béjaïa, Oran et Tizi Ouzou) qui devaient prendre part, hier, à la marche du mardi ont finalement opté pour des rassemblements. À Oran, des étudiants, qui se sont contentés, pour le deuxième mardi consécutif, d'un rassemblement symbolique sur la place du 1er-Novembre, ont été rejoints par des hirakistes pour réitérer ensemble leur détermination à faire aboutir les revendications du mouvement populaire en dépit de la répression qui s'abat régulièrement sur les différentes manifestations. Pendant une heure environ, la cinquantaine de participants ont revisité le répertoire des slogans phare du Hirak, en exprimant notamment leur attachement à la primauté du civil sur le militaire, l'instauration d'un Etat de droit fondé sur le respect des libertés, la protection des droits, l'indépendance de la justice et la liberté de la presse. Les manifestants ont également dénoncé les élections législatives du 12 juin 2021, qualifiées de mauvaise pièce de théâtre. Les hirakistes qui ont également appelé à la libération des détenus d'opinion ont, par ailleurs, dénoncé les dépassements policiers enregistrés vendredi dernier. À Tizi Ouzou, les manifestants se sont massés devant l'entrée du campus Hasnaoua, de l'université Mouloud-Mammeri. Ce sont plusieurs dizaines de manifestants qui ont participé à cette action de protestation qui a débuté vers 12h sous le regard vigilant de centaines de policiers déployés de manière à empêcher les hirakistes d'entamer leur marche. Des dizaines de fourgons de transport de troupes étaient stationnés tout le long du tronçon reliant l'université au stade du 1er-Novembre. Contraints de rester sur place pour éviter le scénario de mardi dernier lorsque des étudiants, des femmes et des vieux ont été bastonnés, les manifestants scandaient des slogans hostiles au pouvoir, exprimant ainsi leur rejet des prochaines élections législatives du 12 juin prochain. Rencontré durant ce rassemblement, l'ex-détenu d'opinion, Walid Nekkiche, a demandé la libération de tous les détenus d'opinion. À Béjaïa aussi, la marche des étudiants a été bloquée par la police. Vers 10h, heure habituelle du coup d'envoi des marches hebdomadaires de la communauté universitaire de Béjaïa, les premiers manifestants se sont heurtés au cordon de sécurité disposé juste devant le portail d'entrée de leur campus. La police a tenté de les repousser à l'intérieur du campus Targa-Ouzemour. En vain. Face à ce cordon de sécurité, les étudiants et leurs enseignants ont décidé, dès 11h, d'organiser un rassemblement devant l'entrée de leur campus et auquel ont pris part certains militants politiques et animateurs associatifs. Durant le rassemblement, les manifestants scandaient à tue-tête les slogans phare du Hirak : "Dawla madania, machi 3askaria" (Etat civil et non militaire), "Djazaïr horra démocratia" (Algérie libre et démocratique)... À signaler que dans la matinée, trois étudiants qui avaient été interpellés devant la maison de la culture Taous-Amrouche ont été relâchés.