Le Rassemblement pour la culture et la démocratie n'ira pas aux élections législatives anticipées du 12 juin prochain, a annoncé, hier, le parti lors de son conseil national tenu à Alger. Les membres du conseil national du RCD ont rejeté à l'unanimité la tenue de ce scrutin, dénonçant une démarche qui va à contre-courant des aspirations du peuple, sur fond d'une forte reprise des manifestations du vendredi depuis un mois. Le conseil national du RCD n'a fait qu'entériner le choix de sa base militante, en adéquation avec l'engagement du parti dans la révolution populaire depuis deux ans, ont indiqué plusieurs cadres du parti, en marge de cette réunion. Dans son allocution d'ouverture, le président du RCD, Mohcine Belabbas, a fait, en effet, un long exposé sur les raisons de ce rejet, prévisible, des législatives du 12 juin 2021, boycottées aussi par le Parti des travailleurs de Louisa Hanoune. Affirmant que "le RCD est définitivement sorti de la bourse des trocs", M. Belabbas estime qu'"après la dilapidation des richesses de l'Algérie, le système politique qui oppresse le peuple algérien est en passe de dilapider le capital symbolique de la révolution libératrice du joug colonial" en 1962, faisant référence à la répression et à l'emprisonnement des manifestants, des militants politiques et des activistes de la société civile. "C'est sur ce fond fait de répression, de maintien en prison de détenus d'opinion, de restriction des libertés individuelles et collectives et de régression économique et sociale que le pouvoir en place, disqualifié à deux reprises par un boycott massif et historique des urnes, s'apprête à jouer une nouvelle tragi-comédie électorale le 12 juin prochain", dit-il. Pour le RCD, le pouvoir en place est "incapable d'ouvrir un dialogue sérieux pour aller à une véritable transition démocratique faute de ne pouvoir neutraliser le Hirak par la répression". Mohcine Belabbas avertit, par ailleurs, que "le pouvoir portera l'entière responsabilité d'éventuels dérapages", expliquant que "les prémisses de violences programmées et orchestrées par les officines habituelles sont déjà là". En marge des travaux du conseil national, M. Belabbas a insisté sur le fait que "pour ceux qui suivent le cheminement du RCD depuis le début de la révolution du 22 Février 2019, le parti avait une feuille de route totalement opposée à celle du pouvoir. Depuis le début, le RCD parlait de la nécessité d'entrer dans une nouvelle phase politique, démocratique, pour une véritable rupture, parce que seule cette rupture avec l'ancien système est à même de régler cette crise". Mais "le pouvoir a continué et continue à faire la sourde oreille, en prenant des décisions populistes", a-t-il regretté, soulignant que les annonces récentes du gouvernement, concernant entre autres la loi sur la déchéance de la nationalité ou la manière avec laquelle a été dissoute l'Assemblée nationale, sont une violation de la nouvelle Constitution votée par référendum populaire le 1er novembre dernier. Pour le président du RCD, "ce qui compte aujourd'hui, c'est que les Algériens maintiennent leur mobilisation", signifiant qu'ils n'accordent aucune confiance au pouvoir actuel, incarné par le président Tebboune. "L'illégitimité et l'incompétence des dirigeants n'expliquent pas, à elles seules, la reconduction des mêmes politiques qui ont produit l'échec. Le système politique en place depuis 1962, l'organisation, la nature et les missions de l'Etat, les choix économiques, le modèle énergétique, le système éducatif..., en fait tout ce qui constitue les modes et les outils de gouvernance et de développement sont tous à repenser", tranche M. Belabbas, concluant que "la mise en place de nouveaux paradigmes qui mobilisent les énergies et l'élaboration d'un contrat social rénové tourné vers la modernité sont d'une urgence cruciale qu'un ensemble de questionnements conditionne". Lyès Menacer