Supprimée dans l'ordonnance portant loi de finances complémentaire de 2005, les parlementaires islamistes reviennent à la charge pour tenter de réintroduire l'amendement prohibant l'importation de ces boissons. La perspective de la présentation de la loi de finances 2006, devant les députés, relance la polémique sur la disposition relative à l'importation des produits alcoolisés. Supprimé dans l'ordonnance portant loi de finances complémentaire, adoptée il y a quelques jours, l'article en question sera une nouvelle fois au centre de l'intérêt des islamistes et des conservateurs de tout bord. Comme il y a deux ans, les débats sur ce texte interviennent cette année également en plein mois de ramadhan, un mois que les parlementaires saisissent pour soigner leur image auprès du peuple. Les députés du MSP, parti siégeant dans l'alliance présidentielle, ont annoncé la couleur en s'abstenant de voter l'ordonnance présidentielle portant loi de finances complémentaire que ses ministres ont adoptée au cours du conseil des ministres du 22 août dernier. Une attitude symbolique mais significative qui renseigne sur le comportement des représentants de la formation de Abou Djerra Soltani lors du vote de l'amendement portant suppression de la disposition relative à l'importation des alcools. Même fractionné en deux clans, le MRN de Djaballah mènera la danse comme en 2003 et tentera de rallier le maximum de voix à son amendement. Opération qui s'avère aisée pour de multiples considérations, presque identiques à celles avancées en 2003 pour “sauter” la disposition gouvernementale. Outre les voix des islamistes du MSP, les meneurs d'El-Islah, toutes tendances confondues, recruteront chez les conservateurs du FLN et ceux de la “koutla” des indépendants. La diffusion en direct des débats à la télévision va mettre dans la gêne les députés qui voteront contre l'amendement que compte proposer les parlementaires du MRN. Ces derniers considèrent d'ailleurs que leur proposition tend à “favoriser et protéger la production nationale”, une ruse pour contourner l'argumentaire de leurs adversaires qui estiment que la démarche nuit aux intérêts de la nation. L'amendement en question va en effet retarder voire freiner les négociations, actuellement au stade très avancé, pour l'adhésion à l'OMC. Le secrétaire général du FLN, proche collaborateur du président de la République, qui a hérité d'une majorité choisie par son prédécesseur, aura du mal à contrôler le mouvement des troupes au palais Rabah-Bitat. D'autant que cela intervient au lendemain du renouvellement des structures de l'assemblée, opération qui a généré déception et exaspération chez les fidèles de l'ancienne direction du parti et principalement de l'ex-secrétaire général. Laminés, humiliés et relégués aux dernières rangées pour reprendre l'expression utilisée par Belkhadem, ces élus qui représentent un courant majoritaire au sein de l'ancien parti unique, seront tentés par esprit de vengeance, de voter pour l'amendement que proposeront les députés du parti de Djaballah. D'autant plus que la direction a habitué les parlementaires à leur laisser libre choix lors de l'adoption des projets présentés par le gouvernement de Ahmed Ouyahia. Un exécutif qui subit les attaques du FLN, qui revendique le poste au nom de la majorité numérique dont il dispose au niveau des assemblées “élues”. Le parti de Ahmed Ouyahia fera une nouvelle fois face à une tempête et fera de la résistance face à des assauts des islamistes. Le RND tentera de défendre plus qu'avant le programme et les textes du président pour pallier le manque de discipline et d'homogénéité qui caractérise le fonctionnement de la formation de Belkhadem. Problème qui sera réglé lors du congrès extraordinaire que la direction actuelle projette de tenir l'année prochaine. À travers cette ultime bataille qui sera livrée ce ramadhan à l'assemblée, le RND joue les temps morts à la tête de l'exécutif. À moins que le président de la République ne décide de dissoudre l'assemblée nationale pour sanctionner ceux qui censurent son programme notamment à travers la suppression d'une disposition de la loi de finances 2005. Une démarche qui lui permettrait de légiférer par ordonnances pendant trois mois, délai constitutionnel imparti pour l'élection d'une nouvelle Assemblée nationale. Mourad AIt oufella