Les avocats des passagers ont décidé de faire appel. De leur côté, les passagers campent sur leurs positions et refusent de retourner à Londres. Le tribunal de Bobigny, près de Paris, a rendu hier sa décision quant au sort des 27 ressortissants algériens en provenance de Londres et bloqués depuis la fin février dans la zone internationale du terminal 1 de l'aéroport de Roissy, au nord de Paris. La justice française a rejeté la plainte des passagers, estimant que la compagnie aérienne nationale Air Algérie n'a pas violé les clauses contractuelles avec les passagers concernés. "Le tribunal a confirmé dans cette affaire la version d'Air Algérie et de l'ambassade d'Algérie à Paris. Elle estime que la décision de fermeture par l'Algérie pour des raisons sanitaires est un cas de force majeure qui justifiait l'annulation du vol des passagers en Algérie et leur retour à leur aéroport de départ à Londres", nous a expliqué l'avocat des voyageurs, Alexandre André, après le verdict. Celui-ci précise que la justice n'a pas pris en compte le fait que certains ressortissants algériens bloqués à Roissy sont détenteurs de visas et ne peuvent, en conséquence, pas retourner au Royaume-Uni. "Le tribunal a également considéré qu'Air Algérie n'a pas effectué de surbooking", souligne l'avocat. Joint au téléphone, un des passagers, Abderahmane, s'est dit choqué par la décision qui a été rendue, surtout qu'Air Algérie, d'après lui, n'a pas donné des preuves confirmant que les voyageurs ont été informés à l'avance de l'annulation de leur vol vers l'Algérie. Fatigué de ressasser les conditions de son séjour forcé dans l'aéroport de Roissy depuis 34 jours, il dénonce l'attitude de l'Etat algérien qui traite "ses propres citoyens comme des moins que rien". "Depuis la visite du consul (de Créteil) le 2 mars dernier, plus personne n'est venu nous voir", révèle Abderahmane. En revanche, il assiste comme le reste des voyageurs à des départs vers l'Algérie, depuis le terminal où il est parqué. Les derniers concernent des joueurs de l'équipe nationale de football. Pour Abderahmane, la décision des autorités algériennes de rompre le lien des Algériens de l'étranger avec leur pays, en utilisant le prétexte sanitaire, est scandaleuse. "Il faut bouger et manifester", préconise-t-il en indiquant que beaucoup d'Algériens ne souhaitent pas se rendre en Algérie pour des vacances, mais pour des raisons familiales souvent impérieuses. Ce qui est notamment son cas. Déçus par la décision d'hier, mais pas résignés, les 27 passagers campent sur leurs positions et refusent de retourner en Grande-Bretagne. "Nous n'allons pas nous arrêter et le combat continue", confirme Abderahmane. Reste à savoir quelle sera la réaction de l'entreprise des Aéroports de Paris (ADP) qui a demandé aux autorités françaises de trouver une solution pour mettre fin à la présence de ces passagers dans la zone internationale du terminal 1 de Roissy, estimant que l'aéroport n'est pas un lieu de vie. Actuellement, c'est elle qui subvient aux besoins de ces passagers, en leur distribuant quotidiennement des tickets de restauration d'une valeur de 13 euros et en faisant en sorte qu'ils puissent accéder à des douches. Il est à rappeler que les 27 voyageurs sont arrivés de Londres à bord de deux vols de transit à la fin du mois de février. Ils ont été bloqués à l'escale de Roissy par Air Algérie après l'annulation de leur desserte pour l'Algérie. La compagnie aérienne nationale et l'ambassade d'Algérie à Paris se sont défendues dans un communiqué publié, il y a une dizaine de jours, en indiquant notamment qu'il a été proposé aux passagers de retourner à Londres aux frais d'Air Algérie.