Le bras de fer triangulaire à la tête de la Tunisie se poursuit, poussant le pays dans l'impasse politique. Encore une fois, c'est la centrale UGTT qui prend l'initiative pour désamorcer la crise. L'Union générale tunisienne du travail (UGTT) lance une nouvelle tentative de conciliation entre les trois présidences (présidence de la République, gouvernement et Parlement), en l'absence d'avancement du dialogue national en raison de la crise politique et économique et de la pandémie de Covid-19 qui sévit dans le pays. Dans une déclaration à l'agence de presse tunisienne TAP, samedi, le secrétaire général adjoint de l'UGTT, M. Tahri, a indiqué que les tentatives de la centrale syndicale visent la levée des barrières afin de lancer un dialogue national entre les trois présidences, à savoir la présidence de la République, la présidence du gouvernement et la présidence de l'Assemblée des représentants du peuple. Cette initiative intervient dans le sillage de l'accord signé le 31 mars dernier entre le chef du gouvernement, Hichem Mechichi, et le secrétaire général de l'UGTT, Noureddine Taboubi, portant sur le lancement des réformes nécessaires pour sauver la Tunisie de la crise économique, sociale et politique que vit le pays. Toutefois, ce dernier accord ne peut pas remplacer le dialogue national qui a ses règles et ses mécanismes, a précisé le secrétaire général adjoint de l'UGTT, Samir Cheffi. "Engager des réformes n'est ni un début de dialogue ni un substitut. Le dialogue a ses propres fondements et règles", a-t-il déclaré. Le bureau exécutif de l'UGTT "œuvre pour favoriser le climat nécessaire permettant le lancement d'un dialogue dans de bonnes conditions pour atteindre les résultats escomptés", indiquent les médias tunisiens, en rappelant l'initiative de dialogue national visant à sauver la Tunisie de la crise économique, sociale et politique sans précédent. L'initiative propose de tenir une réunion élargie pour formaliser le consensus final, l'approuver et préparer la matrice finale du dialogue. Elle recommande aussi de jeter les fondements essentiels de la rédaction d'un nouveau contrat sociétal définissant les droits et devoirs de toutes les parties et de tous les citoyens et citoyennes. D'après la première centrale ouvrière du pays, la résolution de la crise, que le pays connaît en ce moment, passe par la mise en place d'un comité de sages sous la supervision du président de la République Kaïs Saïed. Ce comité sera composé de personnalités nationales indépendantes afin de parvenir à une sorte de consensus sur les réformes qui doivent être adoptées sur les plans politique, économique et social. D'autres concertations sur la redynamisation de l'économie ont, également, été engagées vendredi dernier en présence du chef du gouvernement, de représentants des organisations nationales et d'acteurs économiques, indiquent les mêmes sources. Ces tentatives de médiation ont lieu alors que le duel entre les deux chefs des pouvoirs exécutif et législatif a pris une autre tournure, suite au refus exprimé par le président de la République Kaïs Saïed de signer la loi relative à la Cour constitutionnelle, et de son renvoi une deuxième fois devant l'Assemblée, selon un communiqué publié sur la page de la présidence de la République. Dans un courrier au président de l'ARP (Parlement), Rached Ghannouchi, le président de la République a expliqué que son refus est motivé par plusieurs raisons, dont, essentiellement, des raisons de délais constitutionnels, rapporte la presse tunisienne. Le président de la République Kaïs Saïed a tenu à rappeler au président de l'ARP, Rached Ghannouchi, l'impératif de respecter "toutes les dispositions de la Constitution et d'éviter les interprétations qui ne sont pas scientifiques ni innocentes", ajoutent les mêmes sources. AMAR R.