Les prix du pétrole remontaient, hier, après une forte baisse la veille, le marché s'acclimatant à l'idée d'une hausse de la production des membres de l'Opep+. En fin de matinée, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin valait 63,85 dollars à Londres, en hausse de 2,74% selon des agences de presse. À New York, le baril américain de WTI pour le mois de mai gagnait 2,8%, à 60,29 dollars. Depuis la décision jeudi dernier de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et de ses partenaires d'augmenter graduellement leur production au cours des prochains mois, le marché de l'or noir peine à trouver une direction forte. Dans son "tableau de bord" sur les marchés pétroliers, l'institut de recherche IFP Energies nouvelles (Ifpen) relevait que les cours du pétrole brut ont fortement fluctué la semaine dernière sous l'influence de la réouverture du canal de Suez, bloqué par l'échouement d'un porte-conteneurs et de la décision de l'Opep+ d'augmenter sa production pour les trois prochains mois malgré un contexte encore incertain sur la reprise de la demande mondiale. "En moyenne hebdomadaire, le Brent sur le marché à terme de Londres a gagné +1,1 dollar le baril (+1,8 %) pour atteindre 64,4 dollars le baril" indique l'institut de recherche français. Pour ce dernier, "la décision de l'Opep+ a finalement redonné confiance aux économistes interrogés par Bloomberg, la prévision sur les prix du Brent passant à 62 dollars le baril en 2021 et 2022". Alors que le marché pétrolier anticipait un maintien de la production de l'Opep+, face aux incertitudes sur l'évolution de la demande mondiale de pétrole, les 23 pays membres ont finalement décidé lors de la réunion du 1er avril d'augmenter leur production de 350 000 barils par jour en mai et juin, et de 440 000 barils par jour en juillet. "Plusieurs facteurs expliquent la décision de l'Opep+", souligne l'Ifpen. Premièrement, indique l'institut de recherche français, malgré une reprise mondiale post-Covid très inégale selon les pays et une troisième vague pandémique en Europe, l'accélération des campagnes de vaccination dans le monde laisse présager un rebond économique significatif cette année. La reprise de l'activité mondiale, constate l'institut français, se reflète également dans les indices mesurant les déplacements en voiture, qui sont maintenant bien au-dessus des niveaux d'avant la crise aux Etats-Unis et en Asie. De même, "le trafic aérien mondial, qui avait été fortement impacté par la crise sanitaire, s'est nettement redressé ces dernières semaines, avec un indice global qui a pratiquement retrouvé les niveaux d'avant-crise, principalement sous l'impulsion des Etats-Unis, où le trafic aérien intérieur a retrouvé son niveau d'avant l'épidémie", note l'institut. L'autre facteur à l'origine de la décision de l'Opep+, ajoute l'Ifpen, "est plus stratégique et pourrait viser principalement les producteurs de pétrole américains". Alors que la production américaine reste stable à 11,1 millions de barils par jour, la semaine dernière, le nombre de plateformes de forage en activité a augmenté de +13 unités pour atteindre 430, soit la plus forte hausse depuis janvier 2020. "La décision de l'Opep+ d'augmenter sa production pourrait ainsi permettre à l'organisation de contrôler la consolidation et la reprise du secteur pétrolier américain par le biais du prix du brut" estime l'Ifpen. Aux Etats-Unis, selon les données hebdomadaires de l'EIA, les stocks de pétrole brut ont diminué de 876 000 barils par jour pour atteindre 501,8 millions de barils, soit 4,5% de plus que la moyenne quinquennale. La diminution des stocks de pétrole brut est principalement due à l'augmentation du traitement dans les raffineries, qui ont retrouvé leur niveau d'activité de mars 2020 avec un taux d'utilisation de 83,9%. Les analystes s'attendent à ce que la volatilité reste élevée sur le marché.