La grève à laquelle a appelé le Conseil national du personnel enseignant du secteur ternaire de l'éducation (Cnapeste) a enregistré hier, à son deuxième et dernier jour, un taux de participation de 71%, a déclaré à Liberté le porte-parole de ce syndicat, Messaoud Boudiba. Malgré les menaces de ponction sur les salaires, les adhérents du Cnapeste ont suivi le mot d'ordre de grève, la première de cette ampleur cette année, et qui marque la fin de la trêve sociale observée dans le secteur de l'éducation nationale, après deux ans de calme relatif à cause de la situation politique (Hirak) et de la crise sanitaire liée à la pandémie de coronavirus. "De nombreux enseignants ont rejoint le mouvement de grève après les menaces de certains directeurs d'établissement de procéder à des ponctions sur les salaires des grévistes", a expliqué M. Boudiba, notant que plusieurs wilayas ont vu le taux de suivi de la grève augmenter au deuxième jour de la contestation. Il en est ainsi de la wilaya d'El-Tarf, qui a rejoint hier le mouvement de grève et qui a connu un taux de suivi surtout au niveau du primaire, selon la même source. Les wilayas de Médéa (CEM et Lycées), Tiaret, Saïda et Adrar ont aussi connu un taux important de suivi de ce débrayage, qui intervient à quelques semaines seulement de la fin de l'année scolaire, dont le déroulement a fortement été perturbé par la crise sanitaire. Et à la veille des examens trimestriels et de fin d'année, cette grève vient rompre deux ans de patience des syndicats de l'éducation, à leur tête le Cnapeste, sorti de son silence pour dénoncer une situation socioprofessionnelle "catastrophique" des enseignants, en raison de la cherté de la vie, qui a entraîné une terrible érosion du pouvoir d'achat de la classe moyenne. La révolte du Cnapeste n'est pas concentrée seulement sur l'aspect financier, qui agite d'ailleurs d'autres sydicats de la Fonction publique. Le Cnapeste dénonce aussi l'entrave à l'exercice syndical et dénonce le manque de volonté du ministère de tutelle à venir à bout de tous les problèmes et difficultés que vit le secteur de l'éducation depuis des années. Exigeant des réformes profondes et sur la durée, le Cnapeste est sorti bredouille lors de la dernière rencontre que ses représentants ont eue le 7 avril avec des responsables du ministère de tutelle. Sur les dix points contenus dans la plateforme de revendication, aucun n'a pu être satisfait, selon le Cnapeste, même si le lendemain une instruction du ministre, Mohamed Ouadjaout, avait été envoyée aux directeurs de l'éducation leur demandant de ne plus recourir à la justice dans les conflits lié à l'action syndicale des enseignants. Faute de progrès, le Cnapeste ne compte pas se taire et d'ici la fin de l'année, ce syndicat pourrait encore mener d'autres actions de protestation. Mais en attendant, affirme Messaoud Boudiba, il évaluera d'abord cette première grève et écoutera sa base pour décider du plan d'action à venir.