À moins de deux mois de la fin d'une année scolaire assez particulière, la tension monte d'un cran entre les syndicats et le ministère de tutelle, en panne de solutions pour éviter de nouveaux bras de fer. Le Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l'éducation (Cnapeste) a mis en œuvre, hier, sa menace de grève de deux jours, au lendemain de l'échec d'une rencontre de ses représentants, mercredi dernier, avec des responsables du ministère de tutelle. Le taux de suivi de la grève a atteint les 70%, selon le porte-parole du syndicat, Messaoud Boudiba, contacté par téléphone. C'est au niveau du secondaire que la mobilisation a été la plus forte, selon la même source. Par wilaya, le débrayage a rallié davantage de grévistes à Médéa, à Constantine, à Annaba, à Oran, à Tiaret, à Bouira, à Tizi Ouzou, à Béjaïa, à Boumerdès et dans une partie de la capitale Alger, explique encore à Liberté le porte-parole du Cnapeste. Il s'agit d'une première épreuve de force du Cnapeste, après deux ans de trêve imposée par une situation politique délicate et sanitaire chaotique, qui a contraint quasiment tous les syndicats autonomes à mettre momentanément de côté leurs revendications socioprofessionnelles. Ayant désespérément attendu une meilleure prise en charge de ces revendications, le Cnapeste a fini par sortir de son hibernation pour tirer la sonnette d'alarme sur l'érosion du pouvoir d'achat qui touche de plein fouet la classe moyenne. Déjà que les conditions de travail particulières auxquelles ils sont soumis cette année, à cause de la pandémie de coronavirus, sont éreintantes, les enseignants n'arrivent plus à faire face à l'augmentation vertigineuse des prix, bien qu'ils ne soient pas les seuls à vivre une telle situation à travers tout le pays. Dans le préavis de grève, en date du 4 avril dernier, le Cnapeste avait notamment insisté sur "l'amélioration du pouvoir d'achat des enseignants, lequel connaît une érosion sans précédent, ce qui nécessite une augmentation des salaires et une revalorisation du point indiciaire", et sur la prise en charge du dossier du logement qu'il considère comme "une priorité extrême". Dans ce document, qui constitue aussi une plateforme de revendications de dix-huit points, le Cnapeste avait réaffirmé son "maintien des revendications déjà formulées et liées au dossier de la retraite, au dossier des œuvres sociales et au dossier de demande d'emploi", dénonçant la judiciarisation de l'activité syndicale. Le Cnapeste exige, en effet, "le renforcement et la protection syndicale et la levée du harcèlement systématique sur l'action syndicale", dénonçant "le recours à l'usage des tribunaux contre les syndicalistes". Concernant ce volet, le ministère de tutelle a fait machine arrière, reconnaissant indirectement une instrumentalisation de la justice qui, à chaque saisine, déclare illégales toutes les actions de contestation menées par les syndicats. Dans une note envoyée aux directeurs de l'éducation, en date du 7 avril, le ministère de l'Education, que dirige Mohamed Ouadjaout, leur a demandé en fait de cesser les poursuites judiciaires engagées contre les syndicalistes, les qualifiant d'"illégales". Mais cela ne suffit pas à apaiser les tensions avec les professionnels de l'éducation du Cnapeste, qui ne sont pas les seuls à recourir à ce type de contestation pour arracher des droits ou préserver des acquis. "L'emploi des enseignants diplômés des écoles nationales des enseignants (ENS), la révision du système de concours en adoptant un concours sur la base des diplômes", le versement des arriérés de salaires, des primes, etc. et la mise en place d'une nouvelle stratégie pour sortir le secteur de l'éducation de l'impasse sont autant de revendications, en attente de satisfaction.