Sept mois après avoir été mis en détention préventive, le lanceur d'alerte Noureddine Tounsi a comparu hier devant le tribunal correctionnel de Fellaoucene, à Oran, pour répondre des chefs d'accusation d'"outrage à corps constitué" et "atteinte à la vie privée des personnes". A la barre, l'accusé a rejeté l'ensemble des charges qui pèsent sur lui et dénoncé une cabale en représailles de ses activités de lanceur d'alerte qu'il a entamées dès 2016 lorsqu'il était employé au port d'Oran. "J'ai révélé des malversations, dénoncé la corruption et des atteintes au bien public qui ont abouti à des procès et des condamnations. Au lieu de bénéficier de la protection garantie par la loi aux lanceurs d'alerte, j'ai été accusé d'intelligence avec l'étranger, de trahison et on a même essayé de me faire passer pour un malade mental", a-t-il déploré, en s'interrogeant sur le sort qui a été réservé aux plaintes déposées contre certains magistrats coupables, affirme-t-il, d'avoir altéré des dossiers et escamoté des preuves accablantes. Au procureur de la République qui a réclamé la peine d'un an de prison ferme assortie d'une amende de 100 000 DA, les avocats de la défense ont opposé la vacuité d'un dossier d'accusation monté de toutes pièces pour faire taire un lanceur d'alerte devenu dangereux pour des intérêts occultes. "Aucune plainte n'a été déposée contre Noureddine Tounsi, comment le poursuivre pour outrage à corps constitué et atteinte à la vie privée ? Ce dossier, qui ne contient aucune preuve à charge, relève d'un règlement de compte", ont-ils notamment soutenu en plaidant la relaxe. Le verdict sera connu le 21 avril.