La marche du mardi qu'organisaient les étudiants, n'a pas eu lieu hier à Alger. Elle a été empêchée par les services de sécurité, qui ont quadrillé, depuis des semaines, de nombreux quartiers et rues de la capitale. Plusieurs étudiants et même des citoyens ont été interpellés par des policiers en civil au niveau du point de rassemblement qu'est la place des Martyrs d'où cette 114e marche devait s'ébranler à 11 heures. Parmi les étudiants arrêtés figure Abdenour Aït Saïd, déjà placé sous contrôle judiciaire, en attendant l'examen, dans le fond, de son dossier qui est programmé pour demain, selon Me Nassima Rezazgui, un des membres du Comité de défense des détenus politiques et d'opinion. D'autres étudiants ont été aussi arrêtés à proximité de la place des Martyrs, alors que des citoyens dont l'enseignant universitaire Mhenna Abdesslam (USTHB) et le militant Djamel-Eddine Oulmane, dont les téléphones étaient éteints toute la journée d'hier. Une autre figure du soutien citoyen de la marche des étudiants, Mohamed Laïd (retraité âgé de 67 ans) fait également partie des manifestants interpellés hier matin entre 10h30 et 11h. Notre confrère Zoheïr Aberkane, du journal électronique Maghreb Emergent, a été retenu lui aussi au commissariat durant une heure avant d'être relâché. Contrairement à la marche d'Alger, celle de Tizi Ouzou n'a pas été empêchée, malgré la présence d'un important dispositif policier posté aux alentours du stade du 1er-Novembre, mais n'a pas drainé grande foule. La marche s'est ébranlée vers 11h de l'entrée principale de l'université Mouloud-Mammeri, en passant par la rue Ahmed-Lamali et le boulevard Abane-Ramdane pour se diriger vers la place de l'Olivier, à la sortie ouest de la ville des Genêts. Durant tout le parcours, les nombreux manifestants n'ont cessé de scander "Dawla madania, machi Asskaria" (Etat civil et non militaire), "Ulac l'vote ulac", (pas de vote) et "Imazighen". De larges photos de l'architecte de la Révolution, Abane Ramdane, du lion des djebels, Krim Belkacem, et du rebelle, Lounes Matoub, ont été brandies par les manifestants qui n'ont eu de cesse de réclamer également la libération des détenus d'opinion et contre la stigmatisation de la Kabylie. À Béjaïa la marche de la communauté universitaire et de la société civile a vu une faible mobilisation et à peine 200 à 300 personnes y ont pris part. Et en l'absence des étudiants, seuls les enseignants et les ATS ont marché depuis le campus de Targa Ouzemour jusqu'à Aâmriw, au niveau de la Maison de la culture plus précisément, où des militants du Hirak, des retraités essentiellement, avaient fait le pied de grue depuis 10h30. Les manifestants ont notamment scandé des slogans pour la libération des détenus, qualifiés d'"otages", plus précisément les grévistes de la faim. Ils ont scandé en outre les slogans habituels du Hirak, "Pour un Etat civil, non militaire", "Algérie libre et indépendante", etc.