Bien que la rentrée ne soit toujours pas effective, le retour des étudiants n'est pas passé inaperçu en cette 33e manifestation. En effet, ce sont plusieurs centaines, voire des milliers de manifestants qui ont défilé, hier, à l'appel de la communauté universitaire. Une manifestation toujours soutenue par des acteurs sociopolitiques, de la société civile et des citoyens, plus spécialement les retraités, lesquels prennent une part active aux mobilisations du vendredi mais aussi du mardi. Cette nouvelle mobilisation a été marquée par le retour remarquable des étudiants, qui reviennent avec d'anciens slogans du Mouvement culturel berbère (MCB), qu'ils ont adaptés à la nouvelle situation. "Eyaw eyaw a yathmathen, afus deg fus anem3iwen" (Main dans la main chers frères, on s'entraidera), "Naâya di lbatel" (On en a marre de l'injustice), ont-ils scandé. Les femmes et les personnes à mobilité réduite continuent à être aussi de la partie. Elles sont très impliquées avec les autres engagés à ces fortes mobilisations, où elles réaffirment leur exigence pour le départ du système, leur refus de l'élection présidentielle du 12 décembre. La marche a été entamée vers 10h depuis le campus de Targa Ouzemour. Mais les premiers carrés, composés des enseignants, des ATS et des étudiants, seront renforcés tout au long de cet itinéraire par d'autres manifestants, parfois par dizaines, au niveau notamment d'Aâmriw, premier point de ralliement, mais aussi de Daouadji, du rond-point Nacéria, rebaptisé Matoub-Lounès. Les manifestants s'arrêtent pendant quelques minutes pour observer, comme toujours, une minute de silence à la mémoire des martyrs de la Révolution, des victimes de la répression. Autre important point de ralliement : le siège de la wilaya. À cet endroit, ombragé, ils sont des dizaines de manifestants, des retraités en l'occurrence, à stationner et à rejoindre ensuite la procession jusqu'au palais de justice, où un sit-in est organisé pour réclamer la libération des détenus politiques et d'appeler les magistrats à être du côté de la population en refusant "la justice du téléphone" et "à ne pas verser dans le déni de la réalité" en ignorant une vérité : l'existence de prisonniers d'opinion. Les manifestants, qui déploient les emblèmes national et amazigh, ont scandé les slogans habituels : "Pas de vote avec l'îssaba" (Pas de vote avec la bande maffieuse), "Ulac l'vot ulac" (Il n'y aura pas de vote) ; "Wallah ma rana habsine" (On s'engage devant Dieu à ne pas s'arrêter) ; "Dawla madania machi âaskaria" (Etat civil, non militaire)...