“Ce que je ne comprends pas, c'est qu'à chaque fois qu'il y a un problème qui affecte le Maroc, on pointe du doigt la République algérienne”, a déclaré, hier, l'ancien ministre marocain de l'Intérieur. Cette réaction est intervenue à la suite des accusations de la monarchie alaouite en direction de l'Algérie quant à sa prétendue responsabilité sur le contrôle des flux migratoires en provenance d'Afrique subsaharienne. Dans l'entretien publié, hier, par le quotidien espagnol La Razon, Driss Basri a imputé ces développements à l'inexpérience de certains responsables et, notamment, au dysfonctionnement du gouvernement du Premier ministre marocain, Driss Jettou. “Ce qui m'étonne, en tant qu'ancien ministre d'Etat, c'est que les services de sécurité, gendarmerie, sécurité nationale, forces auxiliaires, gouverneurs aient été surpris par les évènements. L'intervention hispano-marocaine n'a eu lieu qu'après l'arrivée des immigrants près du mur de clôture de sécurité protégeant les deux enclaves espagnoles. Peut-être qu'ils ne les ont pas vus avant ?” s'est interrogé l'ancien homme fort du royaume chérifien. Regrettant ces évènements qui ont porté préjudice à l'image du Maroc, Driss Basri a affirmé : “Nous essayons toujours de gagner la sympathie de nos amis africains, mais les caravanes d'autobus chargés d'immigrants envoyés vers l'est et le sud du Maroc ont sérieusement nui à notre image.” “Le Maroc doit faire montre de plus de modestie et de tolérance envers nos frères africains et panser les dangereuses blessures ouvertes ces jours-ci”, a-t-il insisté. Il a également fait remarquer qu'il est “logique que l'Espagne défende ses frontières et sa population. Les lois doivent être respectées. L'Europe, pour sa part, n'a jamais beaucoup accueilli à bras ouverts l'immigration, à l'exception de celle en provenance des anciens pays de l'Est, mais pour ce qui du Sud, elle continuera à être extrêmement rigide”. Enfin, prié de donner son avis sur les éventuelles répercussions de ces évènements sur la question du Sahara occidental, l'ex-homme de confiance de feu Hassan II dira : “S'agissant de comment cela affectera le problème du Sahara occidental, que ce soit pour le référendum d'autodétermination ou pour appliquer la solution politique marocaine, en laquelle je ne crois pas, il sera très difficile de remonter la pente.” Toujours dans le même cadre, des patrouilles militaires du Front Polisario ont apporté l'assistance nécessaire à plusieurs groupes d'immigrants clandestins retrouvés dans les zones libérées du Sahara occidental. Révélant l'information hier, une source du gouvernement de la République arabe sahraouie démocratique, citée par l'agence de presse SPS, a affirmé que “depuis mercredi, nous avons localisé quatre groupes d'immigrants clandestins (...) dans le désert, dans plusieurs tronçons des zones libérées de la République sahraouie, après qu'ils eurent été convoyés (...) depuis le nord du Maroc”. Les candidats à l'immigration erraient aux alentours de quatre points différents du mur militaire de défense marocain long de 2 300 km, qui partage le Sahara occidental en deux parties. Ils se trouvaient dans un état d'épuisement total, assoiffés et affamés. Selon le porte-parole du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), “la Mission des Nations unies pour le référendum au Sahara occidental (Minurso) est à la recherche de Subsahariens dans le désert”. Les autorités sahraouies poursuivent toujours les recherches, bien que les autorités marocaines aient éparpillé ces centaines de personnes sur plusieurs points. K. ABDELKAMEL