Des tergiversations sur l'extradition de Abdelhak Layada au massacre de Béchar, les Marocains ont toujours posé le problème du Sahara pour une éventuelle collaboration dans la lutte contre le terrorisme. Le 24 août 1994, le royaume alaouite s'est réveillé aux bruits d'un terrible attentat à la bombe dans un hôtel à Marrakech, faisant plusieurs morts de nationalité espagnole. Mais se croyant à l'abri du mal qui secoue toujours notre pays, les Marocains ont cru déceler les mains des services algériens derrière cette attaque à l'explosif. La crise entre Alger et Rabat prend alors des proportions aussi graves que celles qu'a prise l'affaire de l'extradition du terroriste du GIA Abdelhak Layada, arrêté au Maroc durant la même année. Le roi marocain Hassan II, selon des informations rendues publiques à l'époque par la presse internationale, était allé jusqu'à marchander la remise de ce responsable des groupes islamiques armés aux autorités algériennes. C'est un deal qu'il avait carrément proposé à Alger alors qu'une convention d'extradition lie les deux pays. Hassan II voulait tout simplement troquer Layada contre le Sahara occidental, en disant à son interlocuteur algérien : “Donnez-moi le Sahara je vous donne les GIA”. Le responsable terroriste n'a été remis aux autorités algériennes que six mois après son arrestation à Oujda, localité frontalière où il avait élu domicile. Dris Basri, l'ancien ministre de l'Intérieur du royaume chérifien, a longtemps tergiversé avant de prendre la décision de l'extrader. Cette affaire, suivie par l'attentat de Marrakech, a provoqué une rupture dans les relations entre les deux pays maghrébins qui n'étaient d'ailleurs pas au beau fixe. Le Maroc décide d'instaurer le visa pour les Algériens, et ces derniers décident à leur tour de fermer totalement les frontières. Le dégel allait, malgré tout, se produire en 1999, au lendemain de la mort de Hassan II dont les obsèques avaient vu la présence remarquée de Abdelaziz Bouteflika. Seulement, le massacre de 29 citoyens à Béchar par un groupe terroriste qui s'est réfugié au Maroc, refroidit encore une fois les relations entre les deux pays. Le président de la République avait réagi de manière énergique au laxisme du royaume en disant que “ce n'est pas cela le bon voisinage”, d'autant que des informations rendues publiques par le bureau de l'agence de presse française à Rabat avait fait état de l'arrestation de plusieurs membres du groupe qui avaient commis la tuerie de Béchar par les services sécuritaires marocains. Depuis, le Maroc fait face à la présence accrue de groupes terroristes sur son territoire et qui menacent sa sécurité. En février 2003, les autorités marocaines arrêtent trois Saoudiens appartenant au réseau d'Al- Qaïda. Ils projetaient des attaques contre des navires de guerre américains et britanniques dans le détroit de Gibraltar. Une dizaine de complices marocains faisait, également, partie du groupe. Par la suite, plusieurs membres du réseau terroriste, même au sein de l'armée marocaine, ont été interpellés jusqu'à ce que l'irréparable arrive. Le Maroc a découvert, hier, l'étendue de la sauvagerie terroriste. S. R.