Pour le médiateur de la République, la manifestation populaire du 22 Février 2019 a rappelé la "nécessité de projeter notre nation sur un avenir de justice sociale et de respect des libertés". Constat alarmant du ministre d'Etat, médiateur de la République, Karim Younès. "L'Algérie traverse une période critique, au plan interne et externe, menaçant la stabilité des institutions et la paix sociale", relève-t-il dans une allocution prononcée, hier à Alger, lors de la signature d'une convention entre l'institution qu'il dirige et le Conseil national des droits de l'Homme. Pour Karim Younès, la manifestation populaire nationale du 22 Février 2019 a rappelé la "nécessité de projeter notre nation sur un avenir de justice sociale et de respect des libertés". Partant de ce constat et des retombées de la crise sanitaire, mais aussi de celle liée à la chute des prix du pétrole, Karim Younès considère que pour faire face à cette crise, seul un Front national de solidarité sera à même d'apporter les solutions. "L'absence de visibilité épidémiologique sérieuse sur le devenir à plus ou moins long terme de la pandémie Covid-19, l'incertitude relative au marché international des hydrocarbures et la dévaluation conséquente de la monnaie nationale, avec ses répercussions sur les prix des produits de consommation de base, exposent notre pays à des difficultés futures de gestion de la dégradation sociale", soutient-il. "À cela s'ajoute une bureaucratie traumatisante au plan moral, favorisant la corruption et aggravant le fossé entre la population et son administration." "La conjoncture internationale, avec des menaces sérieuses à nos frontières, accentue les risques d'une déstabilisation du pays, dont aucun Algérien ne pourrait tirer profit", dit-il. D'où, à ses yeux, la nécessité d'explorer des solutions consensuelles, mais sans, toutefois, expliquer les modalités. "Cette situation inédite nous impose de prioriser la recherche de solutions consensuelles pour atténuer les répercussions sociales (...) La période que nous traversons ne laisse pas de place à la confrontation politique ni à la compétition des programmes partisans. Elle appelle à la mobilisation de toutes les énergies, afin d'éviter l'écroulement social aux conséquences imprévisibles, voire dramatiques, pour toute la société, sans distinction d'appartenance idéologique", soutient-il encore sur un ton grave. Concernant les objectifs assignés au Front national de solidarité, Karim Younès estime qu'il vise à "mobiliser les énergies humaines, toutes tendances politiques confondues", afin de "définir une démarche consensuelle de prise en charge des problèmes sociaux". "Des mesures sociales, parfois contraignantes, mais nécessaires, appellent à une adhésion massive et dynamique, afin de ralentir les effets délétères de la crise multidimensionnelle et de remettre progressivement le pays sur les rails d'une politique économique productive, sortant de la dépendance des hydrocarbures", a encore précisé M. Younès. Il a par ailleurs ajouté que les questions qui devront être étudiées se résument, selon lui, à "l'équité régionale dans la répartition des ressources, pour un développement local participatif, la sauvegarde de l'emploi et de la production des entreprises, dont les responsables ont été pénalement sanctionnés". Pour ce faire, le médiateur de la République plaide pour "l'identification et la mobilisation des ressources de financement hors hydrocarbures" et surtout "la définition et mise en place d'une stratégie de prise en charge des catastrophes naturelles". Plus précis encore, Karim Younès juge aussi nécessaire qu'impérieux de définir "des objectifs de la formation, à tous les paliers, et des outils pédagogiques nécessaires et adaptés au progrès scientifique et technologique." En fin connaisseur des rouages de l'adminisration centrale, celui qui fut président de l'APN insiste sur "la définition des règles d'un fonctionnement de la justice, indépendant et respectueux des lois" et "l'élaboration d'une charte d'éthique et morale, pour les activités politiques et syndicales". Enfin, celui qui est chargé de aciliter les rapports entre l'état et les citoyens préconise : "La recherche d'un consensus autour d'une solidarité nationale passe par l'organisation d'un espace de débats constructifs, avec la participation de compétences multisectorielles, issues des différentes franges de la société. Les divergences politiques doivent, conjoncturellement, céder la place à la recherche de convergences sur les questions sociales et de sécurité nationale", suggère-t-il. En somme, Karim Younès décline toute une démarche la mieux à même de rétablir la confiance et surtout de détendre un climat trop chargé.