À l'instar des grandes agglomérations, Mascara vit au rythme du Ramadhan qui tire à sa fin. En cette période sensible pour certains, un spectacle inimaginable se déroule à longueur de journée, désobligeant et assez dangereux à la fois, qui se produit à chacune des entrées de la ville. En effet, à partir de la mi-journée, l'axe se trouvant entre le rondpoint de la station-service et l'intersection d'El-Keurt est pris d'assaut par des riverains, vendeurs de galettes de pain et de petit-lait. Résidant dans les parages, ces commerçants, des gamins pour la plupart, viennent installer de part et d'autre de la chaussée des tables de fortune et posent carrément leurs couffins par terre pour exposer leurs produits. S'ensuit alors le déferlement d'une multitude de clients qui arrivent par tous les moyens roulants envahissant les lieux. Des automobilistes stationnent en double sens, ne laissant qu'un petit espace aux voitures passantes et dont les conducteurs ne peuvent même pas se croiser dans cette mêlée, où beaucoup de pare-chocs se sont accrochés avec des tôles froissées ayant conduit à des bagarres. Plus le temps passe, plus l'affluence se compacte, rendant la circulation à cet endroit perturbée par des manœuvres et des demi-tours sur place avec coups de frein et klaxon. Outre ces aléas, des personnes imprudentes traversent la voie entre les véhicules, les yeux rivés sur le choix des étals, exposées au danger. Les marchands, eux, proposent du matloû, pain traditionnel préparé par des femmes dans des conditions douteuses et transitant par plusieurs mains qui le palpent jusqu'au vendeur qui l'expose au soleil, à la poussière, avec en sus un arrosage de fumées des tuyaux d'échappement. On y vend aussi du l'ben qui n'est nullement de vache ou de chèvre, mais préparé à la maison. Ce liquide est rempli dans des bouteilles en plastique ramassées ici et là. A. B.