Detlev Mehlis, le chef de la commission d'enquête de l'Onu sur l'assassinat de l'ex-Premier ministre libanais Rafic Hariri, demande une prorogation de son mandat jusqu'au 15 décembre pour interroger des agents syriens à l'étranger. Dans son rapport qu'il remettra au secrétaire général des Nations unies, Detlev Mehlis proposera de poursuivre sa mission au-delà des délais qui lui ont été fixés. Selon le quotidien londonien al Hayat, citant des sources proches de l'enquête, le chef de la mission de l'ONU demandera, dans son rapport attendu bientôt, de pouvoir “entendre des officiers et responsables syriens hors du territoire syrien, comme témoins dans l'opération d'assassinat” . La demande officielle de prorogation jusqu'au 15 décembre du mandat de la commission d'enquête introduite par le gouvernement libanais, se base sur cette requête d'interrogatoires supplémentaires de Detlev Mehlis. Se rendant compte que les interrogatoires menés récemment en Syrie par la commission de l'Onu “étaient en deçà de ce qu'attendait Mehlis au niveau de la coopération des autorités syriennes”, le représentant onusien émet donc le souhait d'interroger des responsables syriens à l'étranger. Le pays où l'enquêteur des Nations unies poursuivra son travail, sera fixé à l'issue de consultations qu'il aura avec Kofi Annan. Pour rappel, la mission de l'ONU s'était rendue à Damas en septembre où ses membres avaient recueilli les dépositions de Rustom Ghazalé et Ghazi Kanaan, ancien homme fort de la Syrie au Liban et ministre de l'Intérieur qui s'est suicidé, mercredi, dans son bureau à Damas, selon les autorités syriennes. Le récent suicide du puissant ministre syrien de l'Intérieur a certainement mis la puce à l'oreille des enquêteurs, désireux désormais de continuer la mission. Le fait que Detlev Mehlis ait sollicité officiellement les autorités syriennes afin qu'une autopsie soit pratiquée sur le corps de Ghazi Kanaan, renseigne sur ses intentions d'aller jusqu'au bout de son travail. Il est sûr qu'il a de sérieux doutes sur la nature de ce suicide qui intervient au moment où l'enquête prenait une autre tournure, notamment après l'incarcération de quatre hauts officiers libanais, pivots du système sécuritaire du Liban lors de la tutelle syrienne, sur la base de ses recommandations. Par ailleurs, le Liban a renforcé samedi les mesures de sécurité une dizaine de jours avant la publication du rapport Mehlis sur l'assassinat de Rafic Hariri, alors qu'enfle la polémique entre Beyrouth et Damas sur les circonstances de la mort de Ghazi Kanaan. Ces mesures comprennent des patrouilles de l'armée dans les villes et sur les principaux axes routiers, le renforcement de la protection des missions diplomatiques et culturelles étrangères, ainsi que les bâtiments officiels et les sièges des médias. La version officielle de la mort de Ghazi Kanaan a été mise en doute par plusieurs journaux libanais dont Al-Mostaqbal, propriété de la famille Hariri. Enfin, Damas a démenti hier des informations de presse faisant état de propositions américaines au président syrien Bachar al-Assad pour sortir son pays de l'isolement, en soulignant que “le peuple syrien refuse la soumission”. K. ABDELKAMEL