La situation du barrage de Taksebt, dont le niveau de remplissage se situe, selon le directeur du laboratoire des eaux de l'université Mouloud-Mammeri, aux alentours de 20%, soit un de ses plus bas niveaux atteints depuis sa construction au début des années 90, ne cesse d'inquiéter les habitants de la wilaya de Tizi Ouzou qui redoutent un été des plus difficiles. En effet, la crainte des habitants est quotidiennement exprimée, notamment sur les réseaux sociaux où des images, à juste titre inquiétante, de ce barrage qui constitue la principale source d'alimentation de la wilaya de Tizi Ouzou, et une partie de la wilaya de Boumerdès et d'Alger. Mais qu'en est-il au juste ? Y a-t-il réellement lieu de s'inquiéter et qu'elles sont les mesures prises par les pouvoirs publics pour faire face à cette crise de l'eau causée principalement par une baisse de la pluviométrie ? Interrogé à ce sujet, hier, en marge de sa visite d'inspection dans la commune de Tizi Ouzou, le wali, Mahmoud Djemâa, a estimé qu'il ne faut surtout pas alarmer la population. "Il y a un comité interministériel qui est en train d'arrêter la dotation qui est prise à partir de Taksebt pour Alger et pour Tizi Ouzou. Nous, en tant qu'autorité locale, nous sommes en train de suivre en faisant des simulations", a-t-il expliqué. "J'ai demandé à l'ADE et à la Direction de l'hydraulique de faire des simulations pour pouvoir passer au moins un été plus ou moins tranquille", a souligné Mahmoud Djemâa, tout en admettant que cette mission reste toutefois difficile car la pluviométrie a été déficiente. "Nous allons essayer d'exécuter le programme de distribution adopté actuellement par l'ADE en essayant d'être égal et équitable", a affirmé M. Djemâa, sans donner plus de précision sur ce programme. Concernant le pompage des eaux de l'oued Sebaou vers le barrage de Taksebt, le wali a souligné qu'il y a déjà deux canalisations qui ont été réalisées avec une capacité de pompage de 40 000 m3 mais que les efforts pour assurer la disponibilité de cette ressource vont encore se poursuivre. "Les efforts vont se poursuivre. Nous avons déjà, cette semaine, bénéficié d'un programme d'urgence en matière de réhabilitation des forages", a annoncé le wali de Tizi Ouzou, tout en précisant que des entreprises publiques ont été déjà réquisitionnées, par le ministère des Ressources en eau, pour se charger du projet. "Le programme va être engagé sur la plaine du Sebaou et sur la zone sud", a-t-il précisé, ajoutant que ce programme inclut également la réhabilitation de certains forages anciens, déjà réalisés et, aussi, la réalisation d'autres forages dans la zone sud de la wilaya. "Ces programmes ont été donnés de gré à gré par le gouvernement, et les entreprises vont commencer à travailler dans les jours à venir", a révélé Mahmoud Djemaa précisant que "ces entreprises sont déjà venues pour une séance de travail avec la Direction des ressources en eau. Elles vont revenir pour s'implanter et commencer à réaliser ces forages", a-t-il rassuré. Il reste à savoir si ces forages pourraient être au rendez-vous. Cela d'autant que la population commence déjà à ressentir la crise. Contacté quant à la situation actuelle, Malek Abdeslam, directeur du laboratoire des eaux de l'université, a réaffirmé que la situation est "en effet critique". "Le mois de mai s'est achevé sans pluie et pour juin il n'y a pas grand-chose à attendre. Le barrage de Taksebt n'emmagasine plus que 36 à 37 millions de m3 et au lieu de réduire le volume pompé quotidiennement, nous assistons à l'inverse. À chaque fois qu'il y a défaillance ailleurs, et c'est le cas actuellement avec les stations de dessalement d'eau de mer, on se rabat sur le barrage de Taksebt", a-t-il déploré non sans réaffirmer son attachement à la solution consistant à réaliser des digues, même de fortune, pour stopper ce qui coule encore dans l'oued Sébaou et qui continue d'arriver à la mer. K. Tighilt