Dans sa plaidoirie, la défense s'est attelée à démontrer que, comme l'écrasante majorité des procès des animateurs du Hirak, celui intenté contre Dalila Touat n'avait rien de juridique mais tout du politique. La nouvelle est tombée tel un couperet, hier après-midi : Dalila Touat, activiste du Hirak de Mostagamen, a été condamnée à 18 mois de prison ferme pour "outrage à fonctionnaires et institutions de l'Etat", "diffamation" et "publications portant atteinte à l'ordre public". Une lourde condamnation pour des écrits dans lesquels, comme elle a tenté de l'expliquer au cours de son procès, elle a exprimé ses opinions sur différents sujets de l'actualité nationale et sur des questions d'intérêt public. Des opinions qu'elle a continué d'assumer depuis sa prison où elle comparaissait en visioconférence. L'émoi et la consternation provoqués par le verdict et exprimés sur les réseaux sociaux ont été à la hauteur de la sympathie suscitée auprès de l'opinion publique par la cause de la jeune femme placée sous mandat de dépôt le 3 janvier dernier et l'espoir entraîné par le déroulement du procès du 11 janvier dernier. Car, il faut le dire, les 17 avocats qui sont venus de différents barreaux du pays pour prendre la défense de l'enseignante de physique ont méticuleusement démonté le dossier d'accusation en soulignant les vices de procédure et autres violations qui devaient normalement "entraîner l'extinction des poursuites", selon Me Zoubida Assoul. En fait, ils se sont attelés à démontrer que, comme pour l'écrasante majorité des procès des animateurs du Hirak, celui intenté contre Dalila Touat n'avait rien de juridique mais tout du politique. "Dalila Touat a été mise sous mandat dépôt au cours d'une procédure de comparution immédiate, alors que tous les écrits qui lui sont reprochés remontent à octobre et novembre. Son compte Facebook et son téléphone ont été fouillés par la police sans réquisition du parquet territorialement compétent. Elle est poursuivie pour outrage à fonctionnaires et institutions de l'Etat sans qu'il y ait eu plainte, ce qui est en contradiction avec la loi", avait énuméré Me Assoul dans son argumentaire pour, justement, souligner le caractère politique des poursuites judiciaires. Au procureur de la République qui avait sommairement requis deux années de prison ferme, les avocats de la défense ont opposé la vacuité du dossier d'accusation, l'absence de preuves matérielles et les violations des procédures pour demander la relaxe de Dalila Touat. "Au-delà de notre cliente, ce sont les libertés fondamentales qui sont jugées. Nous sommes arrivés à mettre en prison des citoyens parce qu'ils ont osé exprimer leur opinion. Ce dossier constitue une violence judiciaire... On veut tuer le Hirak !", s'est également écrié Me Achour Bakouri. Mes Farid Khemisti, Omar Boussag, Messaoud Aït Rahmane, Ahmed Mebrek et les autres avocats de la défense ont également dénoncé un "procès politique" visant à semer la peur chez les Algériens et à réprimer toute velléité de contestation. "Scandaleux... honteux... triste...", les internautes n'avaient pas assez de mots pour qualifier l'issue d'un procès qui aurait dû "s'achever par un verdict d'apaisement", comme souligné dans l'un des commentaires. S. Ould Ali