Les pourparlers de BP avec ENI portent sur une vente pure et simple des actifs de la firme britannique à la compagnie italienne avec l'option d'une participation de BP dans les actifs d'ENI dans le monde. La firme italienne ENI négocie le rachat des actifs algériens de British Petroleum (BP). Les deux majors ont annoncé depuis peu leur volonté de progresser sur le chemin du désengagement progressif des énergies fossiles. Cependant, leurs pourparlers autour des actifs de BP en Algérie s'inscrivent dans le cadre d'une série d'accords en Afrique, se rapportant, entre autres, à la création d'une coentreprise pour la gestion de leurs opérations combinées en Angola, la vente des parts dans les champs de Nour et Shorouk en Egypte et un gros contrat de GNL au Mozambique. Les deux firmes, qui se sont engagées à réduire considérablement leurs investissements dans les énergies fossiles, tentent ainsi, par ces contrats de recentrer leurs opérations sur les champs les plus rentables. ENI entend ainsi réduire sa production de pétrole dès 2025 tandis que BP s'est engagée à réduire sa production de 40% d'ici à 2030. En Algérie, les pourparlers de BP avec ENI portent sur une vente pure et simple des actifs de la firme britannique à la compagnie italienne avec l'option d'une participation de BP dans les actifs d'ENI dans le monde. L'accord que négocient BP et ENI permettrait à la firme italienne de renforcer son portefeuille en Algérie et à BP de céder ses actifs algériens après avoir échoué, en 2019, à vendre sa participation de 45,89% dans l'usine de gaz naturel d'In Amenas. BP détient également une participation de 33% dans l'usine à gaz d'In Salah. Les précédentes tentatives de cession des actifs de BP dans l'usine de gaz naturel d'In Amenas ont buté sur un échec. Les négociations menées par BP avec Rosneft n'ont pas abouti. En Algérie, comme en Angola, estiment des sources proches de BP, dont les propos ont été rapportés par Reuters, les groupes internationaux qui exploitent ou détiennent des participations dans des champs de pétrole et de gaz perçoivent des redevances fixes basées sur la production des champs, dans ce que l'on appelle les accords de partage de production (PSA). "Cela rend ces actifs moins rentables qu'ailleurs et plus difficiles à vendre", explique la même source. L'éventuel retrait de l'Algérie du britannique BP est un coup dur, à l'heure où le pays tente d'améliorer l'attractivité de son domaine minier au moyen d'une nouvelle loi sur les hydrocarbures, dont les décrets d'application ne sont pas encore publiés, une année et demie après le vote de cette nouvelle loi. Reste à savoir si les négociations entre BP et ENI connaîtront le même sort que celui qui avait été réservé aux pourparlers Total-Anadarko sur la cession des actifs de la major américaine au groupe français. Sonatrach avait opposé son veto ; l'actuel ministre de l'Energie, Mohamed Arkab, prétextant alors l'incompatibilité de cette transaction avec la législation algérienne. Cependant, dans la conjoncture actuelle, marquée par un net déclin de l'activité du secteur des hydrocarbures, enregistrant une contre-performance de -13,4% au 1er trimestre de 2020, dernière donnée en date publiée par l'ONS, il est peu probable que l'Etat n'affiche une quelconque opposition à l'accord BP-ENI, actuellement en négociation. À moins que les participations d'ENI dans les projets ne deviennent majoritaires après rachat des actifs de BP, car la règle 49/51% demeure applicable dans les activités du secteur de l'énergie.