Le village de Zekkar El-Kouachia ou “Ziar” El-Kouachia (étau), comme préfèrent l'appeler les jeunes, est un véritable hospice pour vieillards. Construit durant les années “fastes” de la révolution agraire (1975) pour rapprocher les fellahs de leurs terres et offrir à leurs familles les conditions idoines de confort et de bien-être, le village s'est transformé en un trou de privation et de marginalisation. Le malheur a commencé avec les exactions et les affres du terrorisme qui lui ont fait subir une véritable saignée en laissant traîner derrière misère et désolation. Les restrictions imposées par les circonstances sont sévères et la population interpelle les autorités pour leur venir en aide, ne serait-ce que par la construction de quelques logements pour pouvoir vivre à l'aise. Le village El-Kouachia, constitué de 200 maisons de type traditionnel, deux chambres, salon, cuisine et une minuscule courette, ne s'est pas développé. Pourtant, il était prévu l'extension de 150 logements au nord-est. Malheureusement, rien n'a été fait et le village est resté le même. Un haut responsable de l'Etat (les habitants parlent d'un ministre) lors de sa visite au village vers les années 2000 a promis la construction de 100 maisons. Cette promesse semble avoir été oubliée. Depuis, les familles s'entassent comme des harengs en boîte. “Ce n'est pas une vie. Les enfants qui sont nés en 1975, alors que nous venons de déménager à El-Kouachia, sont âgés maintenant de trente ans et certains d'eux sont pères de famille. La plupart d'entre eux habitent avec leurs parents”, nous dira un habitant. Et d'ajouter : “Imaginez que depuis ce temps-là à nos jours, aucune maison n'a été construite à El-Kouachia. Tous les projets de construction sont réalisés à Boulhilet (chef-lieu de la commune). Qu'on pense un peu à nous !” Le village se bidonvillise et seuls les vieux y restent et la situation n'annonce rien de réjouissant. Malgré le retour de la plupart de ses habitants, le village n'a pas encore retrouvé sa joie de vivre. Les blessures sont encore ouvertes. Là, où vous passez, c'est le vide et même les rues ne sont pas animées comme autrefois. Quelques vieux sont assis en rond à même le sol s'adonnant au jeu traditionnel “Lemkharekba”, à proximité d'un centre commercial dont les locaux sont fermés et abandonnés après avoir été vendu vers la fin des années 1980. Leurs propriétaires, faute de commerce, les ont fermés et sont partis ailleurs. On peut citer un hammam, une boulangerie (qui était équipée pourtant du plus performant matériel), des magasins toujours vacants en train de se dégrader, faute d'entretien quotidien, à l'exception d'un magasin et d'un café qui continuent à vivoter. Belkacem B.