Habitués aux grandes chaleurs, les habitants de cette région ne s'attendaient guère à un ramadan aussi chaud en plein mois d'octobre. Difficile est le jeûne ici ! Se rendre sur les bancs d'une classe en ce début du mois d'octobre pour les écoliers, les collégiens et les lycéens d'Adrar représente un véritable exploit. En effet, la température, guère clémente, décourage les plus hardis et contribue à une nonchalance et un engourdissement qui paralysent toute activité. Le mercure, imperturbable, nous nargue du haut de ses 38 à 40 degrés. Rares sont ceux qui osent relever le défi en s'aventurant entre 12 et 16 heures. Armés de gourdes, de bouteilles d'eau fraîche, ces élèves, sous un soleil de plomb, affrontent seuls cette canicule qui les déshydrate. Ils seront encore là l'année prochaine devant le même dilemme. En ce mois d'octobre, ramadan arrive dans un ballet interminable de va-et-vient de gens affairés. D'autres, une fois le boulot terminé s'empressent de rentrer chez eux se mettre à l'abri de cette chaleur torride sous les bienfaits du climatiseur. Quant aux logements qui en sont dépourvus, le ventilateur, brassant l'air chaud, n'apporte nullement le confort et le réconfort tant espérés. Le soir, juste après la rupture du jeûne, les commerçants sont les premiers à se manifester en apportant un tant soit peu de gaieté dans ces rues désértées dès le crépuscule. Les fidèles se rendent massivement aux mosquées pour s'acquitter pleinement des tarawih. Vers 22 heures, la foule se fait plus dense et compacte et les noctambules reprennent le dessus. Si les uns préfèrent s'asseoir à même le sol, sur la grande place, pour siroter un thé mousseux, quêtant inlassablement cette fraîcheur nocturne qui contribue inéluctablement aux veillées animées par un tohu bohu incessant de ronflement de moteurs, du brouhaha, d'autres, plus assagis, s'adonnent pleinement à leurs jeux favoris (domino-rami-goinche…) qui font ravage dans le café mitoyen du stade municipal dans des parties interminables. La nuit s'achève dans un défi perpétuel qui reprendra le dessus le lendemain. D'autres réservent leur soirée à des visites amicales ou familiales autour d'une table garnie de kalb ellouz, zlabia… et autres friandises. Quant aux femmes, elles déambulent souvent en bandes sur les avenues. Parfois, elles se retrouvent entre elles et, de recette en recette, elles retournent les facettes de la planète, à l'écoute du moindre fait nouveau qui fait vibrer une oreille attentive qui alimentera certainement les commérages du lendemain. Les bains maures sont très prisés et connaissent un afflux particulier, lieu de rencontre par excellence. Rares sont celles qui ne n'en profitent pas. La température, sujet de discussion, repousse au soir ce que l'on envisage d'entreprendre. Le cœur y est mais les conditions climatiques trop pénibles font de ce mois d'octobre un mois particulièrement chaud. M. E. SAFI