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LA PRESSE ECRITE EN DIFFICULTE
"EL WATAN" RISQUE DE DISPARAITRE À CAUSE DE LA CRISE FINANCIÈRE
Publié dans Liberté le 28 - 07 - 2021

Dans une lettre adressée aux lecteurs, "El Watan" assure que l'entreprise subit une véritable cabale de la part du pouvoir politique qui, visiblement, a programmé sa mort.
Etouffé, le quotidien national El Watan vit sa pire crise depuis sa création, en octobre 1990. Après 31 ans d'existence, d'informations quotidiennes crédibles et de service public responsable, ce fleuron des médias indépendants risque aujourd'hui de mettre la clé sous le paillasson. Il enchaîne les bilans négatifs depuis ces deux dernières années. À peine arrive-t-il, à présent, à assurer les salaires de ses journalistes et de ses fonctionnaires permanents.
"Un bulletin de santé déclinant", comme l'a écrit, hier, le journal à l'adresse de ses lecteurs. La cause de cet étranglement financier n'est pas à chercher dans la gestion interne à l'entreprise. Encore moins aux retombées de la crise sanitaire et au sombre contexte économique dont l'impact, au demeurant, sur la vie des rédactions en général est indéniable, lourd et étouffant.
El Watan est de ces médias qui payent au prix fort leurs choix éditoriaux, librement assumés. Son ton critique, son ouverture, son engagement à défendre les libertés, toutes les libertés, bousculent et semblent déranger en "haut lieu". Des positions de principe qui ne passent pas politiquement. S'ensuit alors une "cabale" qui ne dit pas son nom.
Les voix discordantes, on le sait, n'ont pas voix au chapitre. Elles sont honnies et combattues. Et à la maison de la presse "Tahar-Djaout", à Alger, El Watan est, semble-t-il, programmé pour mourir. Pour arriver à leurs fins, les pouvoirs publics ont la technique rodée : le chantage à la publicité étatique.
"Le black-out publicitaire exercé par les pouvoirs publics contre
El Watan a bien été conçu et élaboré pour la mise à mort de ce journal. Aucune entreprise médiatique au monde ne peut assurer sa survie sans l'apport de la publicité étatique", affirme M. T. Messaoudi, joint par téléphone. Plus que des pressions, ajoute-t-il, c'est une "hostilité assumée" du pouvoir politique.
"Cela a commencé déjà en 2014, avec la reprise en mains, clandestinement, des affaires du pays par Saïd Bouteflika, le frère du président déchu. Les annonceurs publics et privés ont été sommés de ne plus accorder de publicité à notre entreprise aux risques de subir les représailles des décideurs. Même les annonceurs étrangers ont subi ces menaces", explique ce fondateur d'El Watan.
Pour faire face à ce chantage politique et administratif, le quotidien francophone, à l'ancrage indéniable dans la société, a dû se séparer de ses collaborateurs extérieurs et vendre ses biens immobiliers (bureaux régionaux) dans le but d'honorer ses engagements concernant notamment le versement des salaires.
Une forme de résistance, alors que l'entreprise affiche des voyants rouges. Après la chute de Bouteflika, lorsque beaucoup espéraient que les choses évolueraient et que cesserait ce chantage, force est de constater que la situation n'a en rien changé. El Watan le découvrira très tôt.
"Les pressions contre notre entreprise médiatique n'ont pas cessé. Nous assistons aux mêmes pratiques, la même logique de musellement et d'étouffement de tous les médias critiques et indépendants", déplore M. T. Messaoudi. "Nous avons été rétablis dans nos droits, une courte période, à travers un contrat avec l'Anep, pour recevoir de la publicité, en 2020.
Cela a duré quelques mois avant que l'Anep ne viole ce contrat, en décidant unilatéralement de nous couper la publicité qui reste pourtant un droit comme le prévoit la loi sur la concurrence", affirme encore notre interlocuteur.
À l'origine de cette rupture brusque du contrat publicitaire, la une
d'El Watan du 31 août 2020, sous le titre "Les enfants de Gaïd Salah détenteurs de nombreux biens : les détails d'une fortune à l'ombre du général".
La presse indépendante honnie
Une situation ubuesque. Le mot est peut-être faible lorsque l'on sait, par ailleurs, que des dizaines de canards inconnus du grand public se font graisser la patte avec l'argent public. Une aberration.
"On donne de la publicité soit à des journaux dont le tirage est dérisoire et au contenu médiocre, soit aux médias laudateurs qui vivent dans le giron du pouvoir. C'est injuste et inacceptable", estime le directeur d'El Watan. Une situation qui n'est pas sans conséquence. Et l'impact de ces pratiques autoritaires dépasse de loin le cas d'El Watan.
Pour Aïssa Merah, professeur en sciences de la communication à l'université de Béjaïa, ces pratiques "autoritaires" ne resteront pas sans conséquence. En plus de programmer la morte lente de toutes les voix discordantes, l'impact de cette politique va bien au-delà des rédactions qui ont fait le choix de produire une information juste, crédible et
critique.
"Le citoyen, au courant des pratiques du pouvoir, ne croit plus aujourd'hui aux informations relayées par les médias encouragés par l'Etat", observe-t-il. Il en veut pour preuve l'absence de leurs influences à travers, par exemple, les campagnes de sensibilisation sans impact menées par ces mêmes médias relatives au coronavirus.
"C'est édifiant à quel point le citoyen ne croit plus ces médias, même quand ils disent la vérité et qu'il s'agit de la santé publique. Nous sommes devant un cas d'école", explique-t-il. Pour cet enseignant universitaire, le pouvoir politique gagnerait, au contraire, à revenir à la raison et défendre l'indépendance des médias.
"C'est extrêmement important dans la vie d'une nation. La liberté de la presse n'est pas une tare. Elle est fondamentale dans tous pays qui aspirent à la démocratie. Elle est même nécessaire à la pérennité de l'Etat lui-même", affirme-t-il. Mais en dépit d'une situation des plus délicates, El Watan n'entend pas se laisser mourir et rendre les armes : pour redresser un tant soit peu la situation, il compte sur la solidarité "active" de ses nombreux lecteurs soucieux de la survie de leur journal.

K. BENAMAR


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