À Bordj Bou-Arréridj, de nombreux mécanismes de solidarité ont été mis en place pour faire face au manque de moyens de lutte contre la Covid-19 et venir en aide aux malades et aux plus démunis. La commission de solidarité, renouvelée la semaine passée par les autorités de la wilaya de Bordj Bou-Arréridj, a procédé à l'habituelle collecte de fonds, samedi dernier. Les donateurs, industriels et hommes d'affaires de la wilaya, se sont déplacés nombreux et la somme de plus de 12 milliards de centimes a pu être ainsi récoltée. Ce montant sera intégralement réservé aux demandes des hôpitaux de Bordj Bou-Arréridj et sera utilisé pour l'acquisition de 4 stations d'oxygène et 500 concentrateurs d'oxygène. Pour les deux autres hôpitaux restants de la wilaya, ils seront équipés par des donateurs anonymes en dehors de la commission. Malheureusement, ce montant est en diminution par rapport aux autres collectes (première vague) car la crise sanitaire due à la Covid-19 et les confinements n'ont pas permis aux donateurs de faire plus. Un appel a été lancé aux donateurs pour atteindre les 20 milliards de centimes. "Cette somme couvrira aussi le consommable", dira un membre de la commission. Du côté de la société civile, les initiatives sont nombreuses. Des particuliers et des bénévoles adhèrent à cet élan de solidarité. Des appels sur les réseaux sociaux et le porte-à-porte, afin de collecter des dons, de répertorier les familles démunies, puis de transmettre ces informations aux associations ou aux bienfaiteurs, ont été réactivés avec cette troisième vague de la pandémie. Tout le monde est préoccupé pour mettre à la disposition du corps médical et des malades tout ce dont ils ont besoin. "Les Bordjiens sont généreux de nature. Ils ont pu gérer la première et la deuxième vagues avec l'apport de tout le monde. Ils ont collecté plus de 25 milliards de centimes de dons en gel, bavettes, combinaisons, nourriture, médicaments et aides aux démunis", dira Mokhtar, un des bénévoles et chercheur à l'université Bachir-Ibrahimi. "Cette fois-ci, nous avons besoin de l'apport de tous les Bordjiens", ajoute-t-il. Si la solidarité gagne du terrain, les défis restent importants. À Bordj Bou-Arréridj, la crise économique engendrée par la Covid-19 a touché des familles pauvres et a fragilisé les plus précaires, mais les aides alimentaires et, parfois, financières de la société civile ou encore des réseaux informels sont aux rendez-vous. "Nous collectons avec d'autres bénévoles du matériel de protection pour les hôpitaux : blouses, gants, masques, gel hydroalcoolique, produits de nettoyage ou denrées alimentaires", témoigne un membre d'une association locale qui ajoute que des volontaires s'occupent des familles nécessiteuses en leur livrant des denrées alimentaires ou des médicaments. Cette solidarité ne se limite pas aux grandes agglomérations, des associations s'activent dans les zones rurales et enclavées. "Face à la pandémie, nous avons lancé un programme de soutien alimentaire et, parfois, financier au profit des familles démunies des villages. Nous avons aidé entre 150 et 200 familles de différents douars. Grâce aux généreux donateurs, nous avons également aidé les personnes ayant perdu leur emploi pour payer les charges, et les médicaments pour certains", affirme la présidente d'une association locale, qui ajoute que son association propose des formations au profit des jeunes lesquels, à leur tour, vont convaincre leurs entourage, famille et camarades de l'importance de respecter les contraintes liées aux gestes barrières. D'autres associations et bénévoles ont désinfecté des bureaux, des arrêts de bus et des lieux publics. Il est important de rappeler aussi que la solidarité traditionnelle revient en force. L'entraide entre membres de la même famille ou entre voisins est de retour. On s'inquiète, on s'échange les conseils et ce qu'on a comme médicaments, nourriture et même argent. On se serre les coudes. Dans nos hôpitaux, des femmes et des hommes, toujours anonymes, ont inlassablement conjugué leurs efforts pour surmonter cette crise. Ils sont présents et aident le personnel de santé dans presque toutes les tâches non médicales. "Je ne peux pas donner de l'argent parce que je suis chômeur. En cette période de crise sanitaire, je viens à l'hôpital pour aider à nettoyer, à porter, à décharger et même à orienter ou sensibiliser", dira Mustapha, un jeune bénévole. L'autre forme de solidarité est la sensibilisation. Les jeunes ne ménagent aucun effort pour aller vers les habitants afin d'en sensibiliser un maximum. Même des artistes, dont le comédien Nouari Radjeai, sont sur le terrain pour sensibiliser grands et petits sur les risques du coronavirus et les moyens de lutte par de simples gestes barrières.