Le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, poursuivant hier une visite historique en Irak, a obtenu le soutien des Kurdes, après celui des chiites, à sa démarche d'apaisement des tensions dans le pays. Devant les cent onze élus kurdes du Parlement régional d'Erbil, M. Moussa a déclaré : “Mon souhait est que la stabilité et la sécurité règnent en Irak, que la fraternité et l'entente prévalent entre ses différentes composantes.” C'est la première fois qu'un dirigeant arabe s'adresse à cette assemblée, et cette visite au Kurdistan est une reconnaissance implicite par la Ligue arabe d'une zone autonome, depuis 1991, d'un de ses vingt-deux membres. M. Moussa s'est déclaré “heureux d'entendre l'hymne national irakien et l'hymne kurde”, à l'ouverture de la séance, disant que “c'est un signal fort adressé au monde arabe, à partir du Kurdistan, sur le nouvel Irak”. L'initiative de la Ligue arabe, qui est revenue en Irak après deux ans et demi d'absence, avait pourtant été accueillie froidement par les leaders irakiens. Une délégation venue préparer la visite de M. Moussa, qui a récemment mis en garde contre une “menace de guerre civile” et oeuvre pour un congrès de réconciliation en Irak, avait été attaquée et deux gardes tués. Samedi, au cours d'une conférence de presse avec M. Moussa, le président du Kurdistan et puissant chef du Parti démocratique du Kurdistan (PDK), Massoud Barzani, a apporté son soutien à cette initiative. “Nous allons déployer des efforts en concertation avec nos alliés pour faire aboutir cette initiative, qui est dans notre intérêt”, a-t-il affirmé, reconnaissant que la tâche n'était pas aisée dans un pays traversé par d'importantes tensions communautaires. “Cette mission est difficile mais pas impossible”, a-t-il estimé, refusant, toutefois, comme ses alliés chiites, de s'asseoir à la même table que “les terroristes et ceux qui ne croient pas au processus politique en Irak”. Auparavant, M. Moussa a reçu un appui de poids, celui du grand ayatollah Ali Sistani, une référence pour les chiites, majoritaires dans le pays. “J'ai obtenu la bénédiction et le soutien de l'ayatollah Sistani, ce qui me fait plaisir”, a-t-il dit après une rencontre avec le religieux dans la ville sainte de Najaf, au sud de Bagdad. Pendant ce temps, le résultat du référendum constitutionnel, qui doit jeter les bases de l'Etat de l'après-Saddam Hussein, se faisait toujours attendre. La commission électorale a publié, samedi, une partie de ces résultats, qui ne concernent que treize provinces et seule l'une d'elle, Salaheddine, fief de Saddam Hussein, a rejeté le texte en votant contre à plus des deux tiers des voix. Le texte sera rejeté si deux des cinq autres provinces votent contre à plus de 66% des voix. R. I./Agences