En attendant le plan de relance programmé par le gouvernement, 600 travailleurs sont sans salaire depuis 4 mois. Les 600 travailleurs de la filiale Eriad de Corso, qui vivent un véritable calvaire avec plus de 4 mois de salaires impayés, ont poussé hier un “ouf” de soulagement en percevant chacun d'eux une somme de 10 000 DA représentant une avance d'un mois de salaire. “Ce n'est qu'une goutte d'eau dans un océan, notamment en cette période de Ramadhan et de rentrée scolaire”, commente Saïd, un chauffeur qui avoue s'être rapproché, pour la première fois de sa vie, du resto du cœur établi dans son village pour s'approvisionner en denrées alimentaires. “Je ne dois pas laisser mes enfants mourir de faim”, affirme-t-il. Saïd n'est pas le seul à quémander le couffin de Ramadhan, plusieurs de ses collègues font la même chose. Les travailleurs qui étaient regroupés hier dans l'enceinte de l'entreprise attendaient avec impatience l'arrivée de leur nouveau directeur général et du président du comité de participation, partis à la banque retirer un peu d'argent pour soulager un tant soi peu leur souffrance. Le nouveau DG installé depuis deux mois est arrivé tout de même à faire baisser la tension en dépit de la lourdeur du climat social. C'est ce que laisse entendre en tout cas Bouzid qui ajoute que le tout nouveau directeur jouit de la confiance des travailleurs. “Son statut d'ancien de la boîte, de syndicaliste et d'enfant de la localité n'est pas étranger à cette paix sociale momentanée”, enchaîne-t-il. Les travailleurs qui regardent leur entreprise, jadis florissante, “mourir” sous leurs yeux, ne comprennent pas les retards enregistrés pour le démarrage des travaux de confortement, combien de fois annoncés, des silos endommagés par le séisme du 21 mai 2003. Ces silos sont considérés comme le poumon central de la filiale et du groupe Eriad d'Alger. “De nombreux partenaires attendent leur mise en service pour se ruer sur notre filiale”, affirme un syndicaliste qui ajoute qu'en plus des nationaux, comme “La Belle” et Blanky, une société tunisienne et une autre algéro-canadienne, qui ont récemment visité l'unité, sont aussi intéressées par des prises de participation dans le capital du groupe Eriad. De nombreux cadres demeurent confiants quant au redressement de la situation d'autant plus qu'avec l'arrivée de “La Belle”, un partenaire privé, dans le cadre d'un contrat de “processing” établi depuis 20 jours, les choses commencent à s'améliorer, précise-t-il. “Nous arrivons à produire plus de 2 000 quintaux de semoule par jour, soit 44 000 q par mois, alors que des négociations sont en cours pour la production, toujours avec le même partenaire, de plus de 1 700 quintaux par jour de farine ; de quoi assurer les salaires des travailleurs”, commente Youcef. “Pour le moment, nous sommes très loin de la masse salariale estimée à 900 millions de centimes par mois sans compter les retards des salaires impayés”, ajoute Azzouz, un membre du syndicat. Par ailleurs, la filiale continue à livrer de la farine et des pâtes à la DGSN avec laquelle elle est liée par un contrat. La filiale, dont les unités de production sont à l'arrêt depuis plusieurs mois, a été contrainte de s'approvisionner chez des privés pour honorer ses engagements envers cette institution qui s'est montrée très solidaire avec la filiale et ses travailleurs. Il semble bien que la filiale qui a vendu plus de 31 camions pour assurer des avances sur salaire à ses travailleurs s'apprête à se replacer de nouveau dans le contexte économique marqué par une concurrence déloyale et impitoyable à la fois où plus de 350 minoteries, notamment privées, foisonnent sur le marché de l'agroalimentaire induisant une saturation du marché, alors que l'exportation, selon beaucoup d'observateurs, est du domaine de l'impossible. Le gouvernement qui s'est penché récemment sur le cas de l'industrie agroalimentaire aurait approuvé un programme de relance basé essentiellement sur la mise à niveau des filiales de l'Eriad, le financement du filet social et dans une seconde phase l'ouverture partielle de leur capital. En attendant, les travailleurs d'Eriad de Corso comme ceux de Bouira, eux aussi sans salaires depuis plusieurs mois, doivent prendre leur mal en patience. M. T.