Les 500 travailleurs des deux filiales de réalisation, VRD Plus et MCCES, transférés au groupe Sogécor après la restructuration de l'EPLF en novembre 2009, n'ont toujours pas perçu leur salaire des cinq derniers mois. Rencontrés avant-hier devant le siège de leur direction, certains travailleurs racontent qu'ils vivent un véritable calvaire : « Nous en sommes réduits à l'aumône pour nourrir nos enfants. La plupart d'entre nous n'ont même pas de quoi prendre un café ou un sandwich à midi. Nos responsables et le ministère de l'Habitat nous ont promis de résoudre notre problème après le mouvement de grève de février dernier, mais à ce jour, nous n'avons rien vu venir. Si cela continue, nous passerons le mois de Ramadhan dans les restaurants de la Rahma », s'indignent-ils avec un profond désarroi. Les souffrances qu'endurent les travailleurs des deux filiales démontrent que la restructuration de l'EPLF n'a pas été menée à terme, ou du moins n'a pas touché tous les volets. Aujourd'hui, les conséquences du retard (15 mois) mis par les pouvoirs publics lors de la restructuration de cet important holding, se font durement sentir sur les deux filiales et l'état d'avancement des projets qui leur ont été confiés. L'échec de la démarche des pouvoirs publics se vérifie, notamment, à travers les difficultés rencontrées par les responsables de VRD Plus et MCCES pour satisfaire la revendication des travailleurs. Des difficultés aggravées par les dettes fiscales et parafiscales, le non-recouvrement des créances contractées par l'EPLF et le blocage total des activités de ces entreprises avant leur transfert vers le groupe Sogécor en novembre 2009. Hier, les personnes interrogées s'accordaient à dire que leur entreprise allait droit vers la faillite, arguant que tous les plans de charge et d'assainissement promis par le gouvernement dans l'optique de relancer ces deux filiales n'ont pas abouti. De même pour les conventions collectives qui devraient être signées entre le groupe SGP Injab et les deux filiales. Interrogé, le secrétaire général du syndicat des travailleurs de MCCES, M. Safroun, a qualifié la situation de « très délicate ». Notre interlocuteur a indiqué que le syndicat ne sait plus à qui s'adresser pour résoudre le problème des salaires : « Chacun se rejette la balle concernant la question. Même le recouvrement des dettes (3 milliards) contractées par l'EPLF n'a pas encore été fait. » « Maintenant, il nous reste à enclencher un autre mouvement de grève pour qu'on nous verse au moins de quoi passer le mois de Ramadhan », a-t-il conclu.