Le gouvernement marocain n'acquiesce pas à la teneur du rapport à cause, estime-t-il, de «sa partialité et sa démarche ouvertement complaisante à l'égard de l'Algérie et du Polisario». Le Maroc a rejeté, samedi, un rapport du Haut Commissariat des Nations unies aux droits de l'Homme (Hcdh) selon lequel la situation est «préoccupante» au Sahara occidental. Le royaume l'a qualifié de «complaisant» à l'égard de l'Algérie et du Polisario. Ce rapport a été récemment remis par le Hcdh au Maroc, au Front Polisario et à l'Algérie, qui soutient depuis toujours le mouvement de lutte armée sahraouie. Sa teneur a été révélée, samedi, par le quotidien français «Le Monde». «Le gouvernement marocain n'acquiesce pas à la teneur du rapport à cause de sa partialité et sa démarche ouvertement complaisante à l'égard de l'Algérie et du Polisario», écrit le ministre marocain des Affaires étrangères, Mohamed Benaïssa, dans une longue lettre remise, samedi, à Louise Arbour, Haut commissaire aux droits de l'Homme. Le rapport est le résultat d'une mission du Hcdh en mai 2006 à Alger, à Laayoune, chef-lieu du Sahara, et à Tindouf, dans le sud-ouest algérien, où se trouvent les camps du mouvement de libération sahraoui. Selon M.Benaïssa, «ce rapport, largement asymétrique, consacre sa majeure partie au Sahara marocain et se focalise essentiellement sur le droit à l'autodétermination, tout en occultant la jouissance pleine et entière des droits politiques, économiques et culturels» qui y prévaut. La dernière démarche de l'Algérie a été entreprise le 24 avril 2006, suite au rapport du secrétaire général des Nations unies sur cette question. Mohammed Bedjaoui, ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères a rencontré alors Kofi Annan, secrétaire général des Nations unies et a réaffirmé la position de l'Algérie sur le Sahara occidental, mettant l'accent sur les insuffisances du rapport du secrétaire général, insuffisances qui risquent de perdre de vue la légalité internationale concernant la solution à cette question. Suite à quoi, le rapport avait été modifié pour aboutir à sa mouture actuelle. En effet, toutes les résolutions des Nations unies ont souligné l'attachement au principe d'autodétermination du peuple du Sahara occidental. C'est d'ailleurs sur la base de cette légalité internationale que le plan de règlement de l'ONU et le plan de Baker ont été adoptés. M.Bedjaoui a particulièrement insisté sur la grande dérive qui risquerait de s'en suivre si le Conseil de sécurité et le secrétaire général de l'ONU perdaient de vue cette légalité internationale car cela pourrait entraîner de graves conséquences sur la stabilité de la région. Une méconnaissance éventuelle de cette légalité internationale pourrait déboucher sur de profondes turbulences dans l'ensemble de la région. Le secrétaire général de l'ONU ne s'est pas démarqué par rapport à cette analyse et a assuré qu'il veillerait à recommander que le projet de résolution, devant être adopté par le Conseil de sécurité, puisse mettre l'accent sur la nécessaire négociation entre les deux parties au conflit, le Royaume du Maroc et le Front Polisario et l'application du principe d'autodétermination. Accompagné de M.Youcef Yousfi, le représentant permanent de l'Algérie à l'ONU, et des membres de la délégation algérienne, Mohammed Bedjaoui avait aussi, après un exposé sur la situation intérieure, marquée par le processus de réconciliation nationale, massivement approuvé par le peuple algérien et par un rythme soutenu de progrès économiques, a abordé le rôle de l'Algérie sur la scène internationale notamment en ce qui concerne son engagement en faveur de la paix et de la sécurité internationale et de ses efforts continus pour une plus grande démocratisation dans les relations internationales. Il a insisté sur la primauté du droit et du respect de la légalité internationale. Abordant la question du Sahara occidental, il a rappelé qu'elle relève du processus de décolonisation et que toute approche tendant de priver le peuple du Sahara occidental de son droit légitime et fondamental à l'autodétermination, irait à l'encontre des principes mêmes de l'organisation des Nations unies et de sa charte et serait rejetée par l'Algérie S'agissant du rapport que le secrétaire général a adressé le 19 avril aux membres du Conseil de sécurité, Bedjaoui a relevé les graves insuffisances et a souligné que l'Algérie ne peut se substituer au peuple sahraoui pour décider de son avenir et refusera catégoriquement de participer à d'éventuelles négociations qui doivent nécessairement avoir lieu entre les parties au conflit qui sont le Maroc et le Front Polisario.