Résumé : Latéfa et Tarek sont partis à la mer. Tarek s'excuse de ne pas avoir appelé ou écrit. Il avait passé la nuit au boulot. Il regrette d'être parti au moment où elle lui confiait sa maladie. Maintenant, il est disposé à s'occuper d'elle et à l'accompagner à ses rendez-vous. La dure réalité refroidit Latéfa. Le fait de voir des mères et leurs enfants se baigner, jouer, déguster des beignets, lui ouvre les yeux sur le fait qu'elle ne contrôle plus sa vie. Elle sait que cette maladie donne souvent des complications. Si avant, elle pensait que les couples récemment mariés faisaient une erreur en ayant tout de suite des enfants. Maintenant que son avenir est incertain, elle a changé d'avis. Si elle en ressort vivante de cette épreuve et que Tarek et elle sont encore ensemble, elle n'attendra pas d'avoir profité de sa vie de couple pour avoir des enfants. Louanges à Dieu, elle a été gâtée. Elle n'a jamais manqué de rien et elle a beaucoup voyagé. Elle profitera de ce que la vie lui donne et qui compte vraiment. Elle voudrait se débarrasser de cette tumeur et vivre sa vie. Une vie simple, un peu comme ces gens qui courent et qui rient sur la plage. Elle voudrait être comme ces mères qui crient sur leurs enfants, mais qui au moindre danger, les protègent, sans attendre l'intervention des autres. Dans le fond, c'est quoi le bonheur ? Être avec ceux qu'on aime quoi qu'il advienne. -Tarek, tu voudrais combien d'enfants ? Le dernier hausse les sourcils, puis rit. Il devine que le tableau vivant sous leurs yeux lui donne envie. -Un garçon, une fille, pourquoi ? C'est la première fois que tu m'en parles, remarque-t-il. Et toi, qu'est-ce qui ferait ton bonheur ? -J'ai peur de ne pas connaître ce bonheur, confie-t-elle. Depuis que j'ai fait tous ces examens, j'ai réalisé que la vie ne tient qu'à un fil. Il y a encore quelques jours, on parlait des préparatifs de notre mariage. Quand je pense que nous avons déjà acheté nos billets d'avion pour Dubaï, et avons déjà réservé une suite à l'hôtel pour notre lune de miel, je crois que nous nous croyions au-dessus de tout et que nous étions les maîtres. En fait, Allah a décidé de me rappeler que j'étais une créature, comme une autre et que tout dépendrait de Lui, Sobhano. Même si je suis croyante, je crois que j'en ai trop fait à ma guise. Nous avons tout programmé sans tenir compte que l'avenir ne nous appartient pas. Maintenant que cette tuile m'est tombée sur la tête, je trouve insensé de faire des projets à long terme. Je ne peux plus imaginer l'avenir, vouloir quelque chose que retrouver ma santé. Tarek a un rire sans joie et lui pince la joue. -Mais tu broies vraiment du noir ma parole ! L'avenir, nous en aurons inchallah. Pour ta santé, nous ferons le nécessaire et tu verras dans quelques mois, ce seront que des souvenirs. Rien que des souvenirs. -Tu ne sais pas de quoi tu parles, réplique Latéfa en repoussant sa main, continuant de regarder les enfants qui jouent et crient. Si j'y échappe, je voudrais que le rire de mes enfants résonne dans ma maison. -Hé ! Mais qu'est-ce qui t'arrive ? Ta vie ne s'arrêtera pas avec ta maladie. Figure-toi qu'hier, lui confie Tarek, j'ai pris le temps de lire des témoignages. Et elles sont nombreuses à avoir une vie normale après la maladie. Elles ont eu des enfants. Pourquoi pas toi ? Pourquoi pas nous ? Tu dois arrêter de penser que tout est mort et fini. Chaque jour apportera de l'espoir, promet-il. Tu verras, dans quelques temps, nous aurons dépassé tout ça ensemble. Un jour, nous finirons même par oublier cette épreuve. -Je voudrais bien avoir ton assurance, mais la peur m'aveugle et me glace le sang, dit-elle, émue jusqu'aux larmes. Peur de la vie, je me demande comment je serais après la maladie. Tarek, je ne serais plus la même. Je me demande si tu m'aimeras encore... Je pense que nous devrions reporter notre mariage. Attendre que tout soit passé et voir ce qui en restera. -Tu penses à quelque chose qui n'arrivera pas. Tu ne crois pas en la force de notre amour, c'est ça ?, l'interroge Tarek. Tu crois qu'il ne résistera pas à cette épreuve ? Que dois-je te dire pour te convaincre du contraire ? - Je ne crois plus en rien. Je suis perdue...Enfin, je sais une chose, affirme-t-elle, je voudrais que nous fassions une pause, décide-t-elle pendant quelques mois... Après, on verra ! Si notre amour est toujours là, nous reprendrons les choses là où on les a laissées ! -Comment peux-tu me demander ça, maintenant ? Alors que c'est maintenant, justement, que nous devons rester unis et affronter ensemble cette épreuve. Nous nous sommes engagés pour la vie, lui rappelle-t-il. Ne mets pas de distance entre nous, je ne le supporterais pas. Ce qu'elle ne lui dit pas, c'est qu'elle ne supporterait pas qu'il l'abandonne au pire moment de sa vie. Elle ne veut pas voir son regard changer, et de sa pitié non plus. Elle a décidé de prendre les devants. À partir d'aujourd'hui, ils feront une pause. Pas de visite, pas de coups de fil durant quelques mois jusqu'à ce qu'elle décide de reprendre avec lui. Cette pause est vitale pour elle.
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