Au sortir de deux jours d'émeutes, lundi et mardi dernier, et de rares violences qui se sont soldées par le décès de deux personnes, des dizaines de blessés, plus d'une cinquantaine d'arrestations et de mises sous mandat de dépôt, des dégâts matériels évalués à plusieurs milliards, la ville d'Arzew ce week-end semblait encore groggy. Au cœur de la cité les palmiers, un camion des services de la municipalité ramasse et charge les débris de tôle et de fer des baraques qui avaient été démolies, et qui avaient servi à dresser des barricades. Peu à peu, les autorités s'efforcent ainsi d'effacer les traces des violents affrontements qui avaient opposé forces de police et habitants du quartier. Au centre-ville d'Arzew, qui n'a pas été épargné durant les deux jours d'émeutes, comme en témoignent les façades des édifices publics, noircies par la fumée des incendies, tels que le siège de l'APC, les impôts, la salle omnisports, les forces de police sont toujours présentes notamment aux abords du tribunal, de la daïra, des sièges des banques, etc., pour assurer une protection de ces bâtiments. Les obsèques de la seconde victime B. Mohamed qui était âgée de 44 ans et qui vivait avec sa grand-mère depuis deux ans, avons-nous appris, devraient se dérouler dès l'arrivée de ses parents qui résident en France. Mais pour l'heure, beaucoup d'habitants d'Arzew s'interrogent encore sur les causes de cette flambée de violence et surtout sur les circonstances de la mort de deux hommes. Des enquêtes et des résultats concrets pour déterminer les responsabilités sont exigés par beaucoup de citoyens qui n'y verraient là que justice pour apaiser un temps soit peu les esprits. D'autres voix s'élèvent encore pour dénoncer maintenant “la provocation des autorités locales”, la daïra plus particulièrement, qui ont donné l'ordre de démolir les étals de commerce en plein mois de ramadhan. Alors, lorsque les autorités, même à l'échelle nationale, décident de se lancer dans une lutte contre le commerce informel, aucune justification ne peut expliquer que l'opération ait pu passer par la mort de deux hommes. D'autres ajoutent que ces petits commerces ne sont pas ceux qui pénalisent le plus le trésor public. F. Boumediene