Le 29 octobre 1965 disparaissait à Paris, Mehdi Ben Barka, fondateur en 1959 du principal parti d'opposition marocain, l'Union des forces socialistes populaires. Malgré toutes les démarches de la justice, notamment française, les conditions de son assassinat n'ont jamais été élucidées. Malgré les multiples témoignages et les nombreux recours introduits par sa famille tant au Maroc qu'en France, le dossier judiciaire est toujours pendant. Les commissions rogatoires adressées par les magistrats français à leurs homologues marocains pour interroger des personnes au Maroc sont restées vaines. Ce n'est que le 5 octobre dernier que le ministre marocain de la Justice a désigné un juge d'instruction marocain pour exécuter la nouvelle commission rogatoire demandée par le juge d'instruction du tribunal de grande instance de Paris chargé de l'enquête en mai 2005. Pour l'avocat de la famille Ben Barka, Maurice Buttin, “Rabat en connaît plus que Paris” dans cette affaire. “Aujourd'hui, nous voulons connaître toute la vérité sur cette affaire, nous ne sommes pas préoccupés pour envoyer des gens en prison, mais nous voulons seulement la vérité, mais pas une vérité tronquée”, a-t-il insisté. En dépit de la tentative d'ouverture tentée en 2004 au Maroc reconnaissant les années de plomb où les assassinats collectifs (Rif), les arrestations, les jugements sommaires et les sévices dans les bagnes étaient la seule manière de réprimer l'opposition, notamment de gauche, cette affaire demeure un véritable tabou. L'instance équité et réconciliation marocaine n'a réservé aucune référence à l'assassinat du leader de la gauche marocaine et opposant au roi Hassan II. Selon de nombreux observateurs qui estiment que le Maroc est pleinement impliqué dans la disparition de Mehdi Ben Barka, il est étrange qu'“officiellement, aucune mention n'est faite sur cette affaire, depuis quarante ans”. Pour le quarantième anniversaire de la disparition de Ben Barka, plusieurs ONG marocaines des droits de l'homme, ainsi que le parti du leader disparu, l'USFP, ont programmé une série de manifestations et notamment un sit-in aujourd'hui, jour de l'enlèvement de Ben Barka, devant le parlement à Rabat. Enfin, l'hebdomadaire Assahifa, s'est interrogé si le roi Mohammed VI allait “livrer” à la justice des généraux ayant servi sous son père Hassan II, dans le cadre de l'enquête. K. ABDELKAMEL