Le stockage massif de certains produits pour effet de spéculation est en partie à l'origine de l'augmentation des prix des fruits et légumes à Mascara. En dépit de son étiquette de wilaya à vocation agricole et à l'instar des grandes agglomérations du pays, Mascara enregistre une hausse sensible des prix des fruits et légumes. Cette situation, entamée au lendemain de la fête de l'Aïd El-Adha, s'est prolongée crescendo jusqu'à dépasser un seuil jamais atteint et qui suscite l'inquiétude des chefs des ménages, lesquels en ressentent les effets. L'aliment le plus significatif est la pomme de terre, indispensable à la préparation de tous les plats des ménagères, dont le prix a quintuplé, passant en un temps relativement court de 20 à 110 DA/kg. Outre la pomme de terre, pourtant cultivée massivement dans la région, les autres légumes ont également subi des hausses de leurs prix, comme la tomate, vendue à 150 DA/kg, la laitue dont le prix est fixé à 180 DA/kg ou encore la carotte proposée à 160 DA/kg. À Mascara, le lieu appelé Trig El-Oued reste un endroit connu comme étant un véritable baromètre, puisque c'est dans ce marché que s'effectuent toutes les transactions liées à ces activités entre vendeurs et acheteurs. Ce sont les vendeurs ambulants et ceux qui détiennent un local qui se côtoient et exercent une concurrence déloyale. Selon la version de l'un d'eux, "la raison première de cette hausse reste le stockage, une opération pratiquée par les agriculteurs qui détiennent le monopole et imposent ainsi leur diktat. Ces gens de la profession maîtrisent à leur guise toutes les combines possibles susceptibles de réguler le marché des fruits et légumes et procèdent en toute liberté à la hausse des prix de certains produits et font chuter volontairement ceux des autres afin de compenser ce qu'ils appellent le manque à gagner et détourner l'attention des consommateurs. Même l'orientation des sens des mouvements des prix est établie à leur avantage, eu égard à l'écart considérable de la hausse et à celui très faible de la chute des produits". Cette analyse de la situation est partagée par la majorité de ces détaillants, qui achètent et revendent les produits moyennant une marge bénéficiaire sans toutefois en maîtriser les prix. Enchaînant dans le même sens, un commerçant implanté au centre-ville déclare : "Pour parvenir à leurs fins, les agriculteurs procèdent au stockage des produits dans des chambres froides construites ou aménagées pour la circonstance." Dans ce contexte, la wilaya de Mascara compte plusieurs aires recensées ou non déclarées destinées à cette tâche et qui encouragent de telles pratiques. Outre la pomme de terre, l'oignon, la carotte et le navet sont régulièrement stockés dans des endroits appropriés, ce qui a pour effet de provoquer dans un premier temps la pénurie des produits ciblés et dans une seconde étape de revoir à la hausse leurs prix de vente. Ces augmentations manifestes des prix sont aggravées par les spéculateurs qui entrent en scène à chacune des tentatives. Bien souvent, ils achètent sur pied toutes les productions pour alimenter à leur bon vouloir les marchés locaux et, par ricochet, toute la région ouest, puisqu'une grande partie des grands commerçants spécialisés en fruits et légumes viennent s'approvisionner à Mascara.