"De nombreux indicateurs sont en faveur de l'émission de l'appel d'offres dans les semaines à venir", estime le président du think tank Club Energia. Le ministère algérien de la Transition énergétique et des Energies renouvelables (MTEER) a récemment indiqué dans plusieurs communications qu'un appel d'offres pour la réalisation d'un ensemble de centrales électriques photovoltaïques d'une puissance totale de 1 000 MW sera lancé prochainement. Pour le Dr Mouloud Bakli, expert et président du think tank Club Energia, "de nombreux indicateurs sont en faveur de l'émission de l'appel d'offres dans les semaines à venir". Aussi, compte tenu des derniers benchmark mondiaux de Capex (coût total d'installation de centrales solaires, en y intégrant les dernières technologies (Bifacial + Tracker par exemple) et des données de gisements solaires (productible) et prix de cession dans la région Afrique du Nord, le Dr Bakli s'attend à ce que "les offres se situent dans la gamme des 5 DA (0,036 dollar/Kwh) à 8 DA (0,06 dollar/Kwh) tout en distribuant aux investisseurs un TRI 'projet' (taux de rentabilité interne) à deux chiffres". Evidemment, précise-t-il, "Cela dépendra également d'autres hypothèses financières, taux d'intérêts, maturité de la dette, durée du contrat d'achat de l'énergie...". Le président du Club Energia affirme avoir observé, et c'est un fait nouveau, que sur le terrain, "l'installation récente" en Algérie de plusieurs grandes sociétés "profile investisseurs" internationales (Europe, Asie) dites de rang Tier 1 (Top10) avec la ferme intention de participer à l'appel d'offres et d'ailleurs ces sociétés sont déjà au travail pour préparer l'appel d'offres. Mouloud Bakli se dit optimiste au vu des échanges ouverts et fructueux avec le MTEER. "Nous nous attendons à ce que le PPA (contrat d'achat d'énergie) soit aux normes internationales, donc 'bancable'", affirme-t-il y compris l'inclusion de mécanismes d'indexation (sur une devise type dollar) avec une durée comprise entre 20 et 25 ans. "C'est le cas de la majorité de projets similaires dans le monde", relève-t-il. L'appel d'offres porterait, par ailleurs, sur une dizaine de lots. La Société algérienne des énergies renouvelables (Shaems), détenue à parité égale par Sonatrach et Sonelgaz, pourrait, en plus d'être "le guichet" unique vis-à-vis des investisseurs, prendre des parts minimales qui seront précisées dans les entités dites SPV (Special Purpose Vehicle), qui seront les sociétés de projet productrices d'énergie. "Cela est un point très positif et essentiel, en effet au-delà du transfert de know-how aux entités algériennes publiques et privées cela va sans doute rassurer les investisseurs étrangers qui verront dans Shaems une garantie souveraine et/ou une forme de pacte de sécurité (Security Package)", souligne l'expert. L'expert, le Dr Bakli, s'attend que les parcelles sélectionnées soient en grande partie dans les Hauts-Plateaux, connus pour produire des gisements exceptionnels. Le contenu local sera normalement inclus En matière de contenu industriel local, le président du Club Energia, dit que le MTEER est très sensible à une intégration locale mais aux normes internationales. En toute logique il estime que le contenu local sera normalement inclus dans un mécanisme de bonus (à définir). "Mais elles ne seront pas obligatoires pour les premiers 1 000 MW", soutient-il. "Le goulot d'étranglement se trouve dans les capacités locales de modules PV (35% du coût d'une ferme solaire) de dernière génération certifiés qui sont autour de 300 MW/an, mais sont prévus d'arriver à plus de 1 GW fin 2022 (en module bifacial en modules de génération de taille M6, M10)", explique l'expert. Autres points positifs relève Mouloud Bakli, une série d'initiatives où le club Energia est très actif, c'est la fabrication des intrants qui est en cours en Algérie, citant, notamment, le verre solaire (11% du coût d'un module), les encapsulants (10% du coût), le cadre aluminium, la boîte de jonctions (5% du coût)... "Notre objectif est d'accompagner les industriels pour atteindre 41à 43% des intrants des modules fin 2022", indique l'expert. Pour les structures métalliques (8% du coût d'une ferme solaire), l'Algérie est dotée de capacités suffisantes aux normes européennes. Un des opérateurs exporte déjà en Afrique. C'est le cas aussi pour le câble (12% du coût total d'une ferme solaire). Mouloud Bakli s'attend, dans les 24 prochains mois, à un grand essor également dans l'assemblage de batteries Lithium. L'expert prévoit, par ailleurs, le lancement de trois autres appels d'offres de même taille chaque année entre 2022 et 2024.