Jamais une localité n'a aussi bien porté son nom. El Kharba, ex-Faucigny, petit bourg de 3 000 habitants environ, situé à quelque 19 km au nord-ouest, fait partie de la commune de Aïn Abessa, ce qui n'est pas fait pour améliorer les choses, et ce, au grand dam de ses habitants. El Kharba est l'archétype même de toutes ces bourgades de l'arrière-pays dont les pouvoirs publics n'entretiennent que la façade et dont le côté arrière-cour montre toute l'ampleur des dégâts. El Kharba est livrée à elle-même, n'étant pas une commune, celle dont elle dépend y a installé une “annexe” pour délivrer les pièces d'état civil et qui demeure, la plupart du temps, fermée. Réseau routier, inexistant, ruelles défoncées, non bitumées, se transformant en véritable bourbier par temps pluvieux. C'est un véritable cloaque à ciel ouvert où la misère s'y étale au grand jour. Sur le plan sanitaire, elle ne dispose que d'une salle de soins, mal équipée et ne répond guère aux normes, surtout en cas d'extrême urgence. La population active, les collégiens et lycéens endurent un calvaire quotidien pour se rendre à leur travail ou pour rejoindre leurs établissements scolaires. El Kharba ne disposant pas d'établissements moyens ou secondaires, les élèves doivent se rendre à Aïn Abessa ou Aïn Arnet. Ainsi, leur scolarité est perturbée par l'absence de moyens de transport, car il n'y a pas de ligne directe reliant les deux localités. Pour Z. H., quinquagénaire, travaillant à Sétif et père de 5 enfants : “Nous avons le sentiment d'être des éternels oubliés. Notre localité n'intéresse pas les autorités locales, particulièrement, le maire de Aïn Abessa, qui ne s'occupe que de son domaine agricole et qui a trahi ses électeurs. Nos jeunes n'ont aucune perspective d'avenir. Ils ne disposent même pas de stade pour exercer une activité sportive, ni de maisons de jeunes pour les activités culturelles. Cette oisiveté pousse vers la délinquance et nous sommes inquiets en tant que parents… Leur seul refuge reste la mosquée, gérée par un imam “apiculteur”, car c'est plus lucratif. La commune de tutelle, depuis les élections de 2002, est sujette à des conflits sans fin entre ses membres pour une question de “chefferie” et nous sommes avec nos problèmes le dernier de leurs soucis. Nous avons pourtant un représentant local qui ne représente que ses proches.” Il est vrai que El Kharba, à l'instar de nombreuses bourgades de l'Algérie profonde, on ne s'en souvient que lors des campagnes électorales… Après… c'est le vide sidéral… Farid Benabid