L'Opep+ a confirmé, avant-hier, lors d'une réunion tenue par visioconférence, l'ajustement à la hausse de la production globale mensuelle de 400 000 barils par jour pour le mois de novembre. L'alliance, faisant ainsi preuve de prudence, maintient inchangée sa stratégie qui consiste à relever l'offre pétrolière de manière graduelle, en attendant de voir l'évolution du marché dans les mois à venir. Pour de nombreux observateurs, cette décision était prévisible, compte tenu des fondamentaux actuels du marché pétrolier. Adaptée à une demande convalescente, la réouverture progressive du robinet d'or noir a permis de préserver la cohésion au sein de l'Opep+ et de soutenir les cours. Cette stratégie semble ainsi payante, ce pourquoi, l'Opep et ses partenaires ne souhaitent pas s'en écarter. Depuis quelques jours, des pays consommateurs, les Etats-Unis en tête, n'ont cessé d'en appeler au Groupe (l'Opep+), afin qu'il opère une augmentation plus importante de la production en vue de limiter la hausse des cours, qui pèse sur le prix de l'énergie, notamment le gaz. Et cela peut alimenter l'inflation, surtout dans les pays où il existe une forte expansion de la consommation de gaz dans le secteur de la production d'électricité. L'alliance, elle, voit les choses différemment, estimant qu'il ne serait pas judicieux d'inonder les marchés tant que l'économie mondiale n'aura pas retrouvé sa pleine santé. La forte hausse des cours du gaz a même poussé certains pays consommateurs à prendre des mesures d'urgence, afin d'en alléger le fardeau. Il est bon de savoir que le relèvement des tarifs du gaz tire dans une moindre mesure un pétrole devenu plus compétitif, une partie de la demande dédiée à la production d'électricité et au chauffage étant susceptible de se reporter vers l'or noir cet hiver. "La demande supplémentaire de pétrole liée à l'effet d'aubaine qu'il représente vis-à-vis du gaz est difficile à évaluer, mais serait de l'ordre de 320 000 barils par jour au cours des six prochains mois en Asie et en Europe", selon les estimations de S&P Global Platts, une agence d'information américaine. Goldman Sachs, une banque américaine, monte, elle, "jusqu'à 1,35 million de barils par jour pour la production d'électricité et 600 000 barils par jour dans l'industrie en Asie et en Europe, si les prix du gaz continuent à flamber". Ce volume ne représente, cependant, que "2% de la demande mondiale de pétrole, qui devrait passer l'an prochain la barre des 100 millions de barils par jour", selon l'Opep. Bien que gérable du point de vue du marché pétrolier, un tel choc représenterait, néanmoins, une hausse de "5 dollars par baril", notent les analystes de la banque américaine, car, estiment-ils, l'offre de brut "peine déjà à répondre à la demande actuelle". Les marchés pétroliers ont fortement réagi à la décision d'ajustement à la hausse de la production, prise par l'Opep+. Les deux références du brut, le WTI américain et le Brent de la mer du Nord, ont temporairement gagné plus de 3%. En touchant respectivement 78 dollars et 82 dollars, ils retrouvaient des sommets plus vus depuis respectivement novembre 2014 et novembre 2018.