Après son passage réussi à la Maison de la culture de Tizi Ouzou et à la cité universitaire, Amichi “s'attaque”, cette semaine, à Béjaïa où il va se produire durant la soirée de mardi qui coïncide avec le 51e anniversaire du déclenchement de la guerre de Libération. Moh Amichi n'est pas un nouveau venu dans le monde de la chanson, mais un vieux routier parmi les jeunes chanteurs de sa génération. Avec cinq albums à son actif dont le dernier qui a fait un tabac l'été dernier, Moh Amichi est resté modeste sur scène comme au quotidien, notamment dans les rues de la ville des Genêts qu'il arpente à longueur de journées.Timide, il n'aime pas parler de lui, il n'exhibe pas ses cassettes comme le font d'autres artistes. Depuis sa tendre jeunesse, il adore la musique et fredonne les refrains de ses chanteurs préférés et, à leur tête, son idole, le grand Rabah Asma. À ce propos, il avouera : “J'apprécie beaucoup Rabah Asma. Je suis charmé par ce qu'il fait, ses mélodies et ses textes. Je tiens à le saluer et le remercier pour toute son aide et le soutien qu'il m'a toujours apportés”. Il ne ratait aucune fête de mariage et assistait à tous ses galas, au village comme dans la ville des Genêts où il a grandi. Il rêvait de chanter, il est devenu l'artiste qui fait vibrer les jeunes chaque fois qu'il se produit dans une salle, ici comme en France. Son style est inspiré de ses artistes préférés chez lesquels il a beaucoup appris. Avec le temps, il a fini par forger son propre style, alternant musique douce et sentimentale et chanson rythmée, faite spécialement pour la danse et les fêtes. Sur cette question, Moh Amichi tente d'expliquer ses choix :“Au fond de moi-même, je penche beaucoup plus sur la chanson sentimentale, c'est-à-dire la chanson à textes, mais comme mon public est essentiellement constitué de jeunes, je dois leur faire plaisir avec de la musique rythmée”. Et d'enchaîner : “Les jeunes doivent se défouler et danser, c'est pour cette raison que je compose beaucoup de musique rythmée”. Il reste que le jeune talent de la ville des Genêts touche aux thèmes de la société, mais il affirme privilégier la description des situations vécues pour donner plus de force et susciter plus d'émotions chez les mélomanes. Dans ses albums, Moh Amichi chante ce qu'il a vécu ainsi que les expériences des autres. La chanson Ammi, mon fils, qui fait pleurer les plus sensibles, retrace l'éloignement, voire même la séparation entre le père et son fils. Un chagrin difficile à consoler, chanté avec des mots forts et percutants sur fond musical mélancolique. Lors de son passage à la Maison de la culture de Tizi Ouzou, Moh Amichi a fait changer subitement de rythme à l'assistance en chantant Ammi. La piste de danse s'est vidée et un silence religieux s'est installé dans la salle à moitié éclairée. Le public a partagé pendant quelques minutes la douleur d'un père à qui son fils manque terriblement. Sur scène, ce jeune talent adore alterner deux registres et mettre "le feu" sur la piste de danse. Il passe de la musique rythmée à la chanson sentimentale et mélancolique, reproduisant le même schéma qu'il imprime à ses albums. Dans sa dernière production mise sur le marché en juin dernier, Amichi a brillé par la chanson Adoughalagh (je reviendrais), dans laquelle il répond à une complainte de sa bien-aimée qui l'interrogeait dans une autre chanson dans le même album, Ayen akka, qui signifie pourquoi ça. Un dialogue chanté en deux temps et deux tons. La réussite de sa dernière œuvre l'encourage à aller de l'avant. Le spectacle de mardi vient clôturer sa tournée qui l'avait conduit dans plusieurs wilayas. Moh Amichi pense déjà à son prochain album qui sera un mélange de tous les goûts. Le public béjaoui va se régaler demain. Avis aux amateurs ! M. A. O.