Il est "inconcevable" que, faute de statistiques fiables et officielles, des institutions et des chercheurs s'appuient sur des données internationales ou des sources d'information anonymes, a estimé hier le Premier ministre. Le Premier ministre, ministre des Finances, Aïmene Benabderrahmane, a procédé, hier, à l'installation du Conseil national des statistiques (CNS). Le système national d'information économique et sociale réunit un consensus contre lui, celui d'être décrié, y compris par les pouvoirs publics. Ses lacunes figurent sans conteste parmi les tares qui caractérisent le mode actuel de fonctionnement de l'économie algérienne. Au cours de ces dernières années, la réflexion sur l'état de l'économie algérienne et la formulation de propositions de solutions potentielles aux nombreux défis auxquels elle fait face sont handicapées par l'absence d'informations de qualité, disponibles de manière régulière et accessibles aux investisseurs, aux analystes, aux chercheurs universitaires et au public de manière plus large. Dans son allocution prononcée à l'ouverture de la cérémonie d'installation du CNS, organisée au Centre international des conférences (CIC) Abdelatif-Rahal, à Alger, le Premier ministre a estimé qu'aucune "politique publique" ne peut être élaborée sans la disponibilité de données précises et crédibles en quantité et en temps réel. Pour le Premier ministre, "la réussite de toute réforme dépend de la qualité du système d'information statistique". Selon Aïmene Benabderrahmane, les données statistiques sont devenues des inputs au même titre que les autres ressources. "En l'absence d'un système de statistiques crédible et de qualité, il n'est pas possible d'évaluer les politiques publiques et économiques", a-t-il souligné. Le Premier ministre trouve inconcevable que "des chercheurs et des étudiants s'appuient dans leurs études et recherches sur des bases de données appartenant à des organisations et institutions internationales". Même certaines institutions de l'Etat s'appuient, parfois, "sur des sources d'information anonymes", a fait remarquer Aïmene Benabderrahmane, soulignant que le droit à l'information est consacré par la Constitution. C'est aussi "un outil de transparence" et un moyen d'instaurer "la confiance". Plus l'information crédible est disponible, "plus la confiance augmente", estime le Premier ministre. "Sachant que la nature a horreur du vide, l'absence d'information officielle ouvre la voie aux sceptiques et aux visions fondées sur des intentions malveillantes", a-t-il ajouté. Aïmene Benabderrahmane a rappelé que la réforme du système des statistiques est un des engagements les plus importants du président de la République qui a ordonné au gouvernement de créer un réseau national de collecte de statistiques, du niveau local au niveau central, pour renforcer la fiabilité des données et des indicateurs sociaux et économiques, en vue de donner plus de performance à l'action publique. En application de ces engagements, le gouvernement a inscrit le développement du système d'information statistique économique et social dans son plan d'action. La réactivation du Conseil national des statistiques, après des années d'inactivité, constitue "un début d'exécution" de ce qui est prévu dans le plan d'action. Pour rappel, le Conseil national des statistiques a été créé en 1994. "Le gouvernement compte beaucoup sur ce Conseil national des statistiques avec sa nouvelle composante... pour la réussite des réformes structurelles dans ce domaine", a indiqué le Premier ministre. Ce dernier a insisté sur la révision des dispositifs juridiques. Dans ce cadre, il a souligné la nécessité de réfléchir à la mise en place de mécanismes pour obliger les producteurs de statistiques à les élaborer d'une manière professionnelle et crédible, et à les mettre à la disposition des utilisateurs pour améliorer la prise de décision. En marge de la cérémonie d'installation du Conseil national des statistiques, le ministre de la Numérisation et des Statistiques, Hocine Cherhabil, a annoncé le lancement, en juin 2022, du sixième recensement général de la population et de l'habitat.