Pour les principaux syndicats du secteur, la rencontre prévue pour aujourd'hui au siège du ministère de l'Education ne pèsera aucunement sur le mouvement de protestation envisagé dans le cadre de la Confédération des syndicats autonomes. Conviés, pour aujourd'hui, par le ministère de l'Education à une rencontre qui sera consacrée à l'installation de la commission chargée de la révision des statuts particuliers régissant le secteur, les syndicats se montrent plutôt sceptiques, du moins en partie. Echaudés par les expériences vécues en la matière, certains syndicats ne voient dans la tenue de cette rencontre dans le contexte actuel où le secteur connaît un véritable bouillonnement qu'une manière de gagner du temps. Pour plusieurs secrétaires généraux des 26 syndicats invités, la rencontre prévue pour aujourd'hui au siège du ministère de l'Education ne pèsera aucunement sur le mouvement de protestation envisagé dans le cadre de la Confédération des syndicats autonomes (CSA). "Bien que le statut particulier soit une des revendications syndicales, la rencontre de demain n'aura aucun impact sur le mouvement de protestation envisagé dans le secteur. La rencontre de demain est une séance technique qui a pour objet l'installation d'une commission technique sur le statut particulier comme décidée par le président de la République", affirme, d'emblée, le secrétaire du syndicat Unpef, Sadek Dziri, expliquant que la CSA n'est, certes, pas sortie de sa rencontre d'avant-hier samedi avec une décision, mais cela n'a aucun lien avec l'invitation du ministère. "Certains syndicats sont toujours en concertations internes et, par conséquent, ils ont demandé un report. Du coup, la rencontre est laissée ouverte jusqu'à jeudi prochain, date à laquelle la CSA arrêtera sa décision finale concernant la question de la grève", nous a-t-il déclaré, soulignant que la rencontre de demain n'est pas de nature à apporter une solution aux revendications mises en avant par les syndicats. "Le cas, par exemple, des revendications relatives au pouvoir d'achat et à la retraite relèvent des compétences du Conseil des ministres et du président de la République. Si la question du point indiciaire évoquée par le Président avait été détaillée, on aurait pu y voir plus clair. À présent, nous appréhendons de revoir le scénario de l'affaire des 30 000 DA se reproduire", a déclaré, sceptique, M. Dziri, estimant que ce qu'il faut aujourd'hui est un retour à l'équilibre du pouvoir d'achat. "Demain, nous verrons plus clair, mais notre première condition est de connaître l'agenda. Nous ne voulons pas que les travaux de cette commission restent ouverts et traîner ainsi dans le temps. Son travail doit être délimité dans le temps", dit-il. Le même scepticisme est également affiché par le secrétaire général du Snapeste, Meziane Meriane, qui redoute que cette rencontre ne vise seulement qu'à gagner du temps. "Demain, ce sera l'installation de la commission chargée de se pencher sur les bavures contenues dans le statut particulier. Cependant, il faudrait signaler que ce statut particulier a fait l'objet d'une étude pendant plus d'une année dans une commission composée de syndicats et du ministère de l'Education, mais malheureusement, les résultats n'ont jamais vu le jour. Cela fait plus de quatre ans qu'on s'est penché sur ce statut, maintenant, on installe une commission pour le réviser, on voudrait bien connaître le délai d'étude de ce dossier et quand il sera appliqué. Il ne s'agit pas de l'utiliser pour gagner encore du temps", soutient-il. "Il doivent nous dire quel temps impartir à cette commission pour finaliser, on ne va pas s'éterniser là-dessus. J'ai l'impression que c'est, encore une fois, pour gagner du temps", dit-il, estimant que vu la situation économique que vit le pays, il n'y a pas de mécanismes bien clairs qui permettent de procéder à des augmentations de salaires. "Si vous augmentez aujourd'hui pour créer l'inflation et demain pour rééquilibrer, cela ne servira à rien", soutient-il, convaincu que la rencontre n'aura aucun impact sur l'action des syndicats. Pour le secrétaire général du Satef, Boualem Amoura, la rencontre est même "un non-événement" pour son syndicat. "De par notre respect, notre civisme et notre éducation, nous répondrons favorablement à cette invitation, mais sans grande conviction", soutient-il, non sans s'étaler sur les expériences vécues en 2007, puis en 2011, puis encore en 2015, qu'il qualifie d'échec. "En mai 2015, on a commencé par élaborer un règlement intérieur qui, à lui seul, a duré deux mois et demi. Et trois années plus tard, nous ne sommes pas arrivés à un consensus. Voilà qu'on vient encore une fois nous inviter à parler de ce statut, alors que l'installation de cette commission n'apportera rien de plus pour les travailleurs de l'éducation qui ne sentiront aucune amélioration de leur niveau de vie", dit-il avant de qualifier cette commission technique de "leurre qui vise à gagner du temps". "Avec 26 syndicats dont plus de 20 syndicats corporatistes, je ne pense pas que nous pourrons sortir avec un résultat après 20 ans", a-t-il analysé, considérant que de toute manière, même si à la fin, on classe tous les travailleurs à la catégorie 16, on ne réglera pas le problème du pouvoir d'achat. "Puis encore, pourquoi en ce moment ? Parce qu'il y a un bouillonnement dans le secteur de l'éducation. Nous, à présent, nous nous battons pour le pouvoir d'achat. Ils n'ont qu'à trouver des mécanismes pour l'améliorer et comment faire face à l'inflation. Tu augmentes aujourd'hui de 5 000 DA et ils seront absorbés par l'inflation", note-t-il, rappelant que ce que réclame son syndicat, c'est plutôt l'augmentation conséquente, soit de la valeur du point indiciaire qui est, depuis 2007, de 45 DA, et qui doit être aligné, dit-il, au moins sur le montant de la zakat qui est de 120 DA, pour pouvoir obtenir un impact immédiat sur le niveau de vie des travailleurs, soit encore de relever le nombre de points indiciaires, qui est actuellement à un maximum de 700 points dans le secteur, alors que dans le secteur de la justice, ils commencent à 7 000 points. "C'est inacceptable", juge-t-il, avant d'aborder une troisième solution qui est, propose-t-il, de revoir à la hausse le SNMG à 70 000 DA. "Mais nous ne sentons ni volonté ni courage politique de changer positivement la situation", conclut-il.